j'ai vu dans ma tête qu'on allait se fâcher

— teen attitude, teen problems.
(( est-ce qu’elle te manque ? )) de qui tu parles ? ça franchirait ses lèvres comme s’il voulait jouer l’imbécile, pourtant tout le monde sait qu’il y avait quelqu’un d’absent à la maison, qu’elle s'était enfuie du bout de lit et il n’y avait que le père de draco pour croire qu’à l’aube d’un jour elle finirait par revenir. mais c’est pas sa faute s’il sait pas, maman, elle avait laissé un baisé pour le fils et quelques mots dans le salon que le gosse a eu la bonne idée de bousiller sans un son. c’était pour pas lui faire du mal, draco, il voulait juste préserver le coeur d’un père que le fils savait trop doux. la lettre était trop acerbe, elle lui aurait donné envie d’avoir pour bijoux une corde autour du cou. mais non, maman ne lui manque pas, elle n’a toujours apporté qu’une marée qui tâche les joues. draco, il dirait que maman elle a jamais été grand-chose si ce n’est une dame qui attire les tempêtes, cette sirène qui divague sous l’écume attendant joyeusement un beau prince qui lui offrirait ses jambes. c’est possible que les deux se ressemblent (( pourquoi il l'a fait ? )) la vérité finit toujours pas éclaté, que ça rétorque dans les babines alors qu’il mordille les bitcoins qu’elle lui a posé dans la bouche. la pauvre n’avait de toute façon sûrement aucun moyen de s’en tirer, le corbeau finit souvent par parler surtout quand il s’agit de rapporter les jeux amoureux qu’on croit bon de multiplier. Il y a des jours où il s’en veut, d’autres où il appuie sur le bouton sans rien regretter, ça dépend des gens, ça dépend de la cible, de combien d’argent de papa et maman ils sont prêts à se séparer. puis surtout, plus les gens sont hauts plus ça l’amuse. draco, il est pas malade, c’est juste qu’il aime découvrir et révéler, il y a rien de vraiment personnels dans ce qu’il affiche, juste ses poches qui parfois crient famine parce qu’il y a de l’argent pour l’école mais plus forcément pour le reste. le corbeau derrière son masque, il arrange tout, les trop riches ils pleurent, les trop riches ils doutent. ils perdent de cette prestance qui ne saurait le frôler. faut pas lui en vouloir, ça va aller. (( alors tu te dépêches ? )) dans les mains du jeune homme, il y a cette appareille photo dont il ne se sépare jamais vraiment, faut toujours qu’il soit dans son sac, quelque part, comme s’il avait toujours quelque chose qu’il pourrait prendre sur le vif, parce que d’après papa, c’est ça être journaliste, faut être à l'affût du moindre truc et draco, il a peut-être un peu trop bien appris à ne rien laisser filer, il y a ses yeux qui retiennent, ses yeux qui écoutent pour ne rien perdre de ces infos qui filent dans l’air. j’arrive, tu peux partir, je te rattraperais que ça souffle attendant que l’autre disparaisse, il y a que draco qui reste, le même qui fouille un sac qui n’est pas le sien au beau milieu des vestiaires (( draco, c’est ça ? )) il ne fait que hocher la tête, draco n’est pas une de ses figures populaires, il n’est à la rigueur qu’un spectre qui parfois s’en approche pour respirer leur lumière et se brûler les poumons, il virevolte sous les rayons, attenant sans doute qu’ils le remarquent même s’il ne fait que les illuminer avec ses flashs, les dépeint en gris dans ce qu’il nomme son journal, cherchant à prouver l'inégalité qui règne même au sein de cet école au portail pourtant dorée. draco petit lézard, petit croco qui vit d’ailleurs très bien tout seul. l’âme est solitaire, sang froid qui ne trouve bon que de se réchauffer sur quelques pierres qui lui révèlent des mystères. draco, n’est pas grand-chose, un peu comme elle, si on le connaît, c’est pour la vermine qu’il est, celle qui mord dans le dos, corbeau qui se déguise en colombe sous le soleil.