I know you wanna meet me at the overpass. [Wade]

— teen attitude, teen problems.
Il fait nuit sur la ville de Londres. La lumière tamisée de la lune se fraye discrètement un chemin entre les stores de la chambre de Wade. Dans sa tour d'ivoire, il se plaît à laisser ouvert sa fenêtre lorsque le soleil a daigné se coucher. L'air frais qui vient frôler ses joues, ou bien encore les rayons lunaires qui viennent l'envelopper dans sa tenue de nuit, c'est un petit plaisir que le jeune homme ne cesse d'apprécier. A cet instant, il est penché sur son bureau, une petite lumière visant une feuille blanche devant lui. Au contraire d'un peintre qui s’attellerait à peindre sur sa toile, Wade n'hésite pas. Il laisse découler de son esprit tout ce qu'il a sur le cœur. Ces sentiments qu'il n'a cessé de voir grandir en lui, et qui le rongent petit à petit. Il le faut lui dire. Du moins, il faut qu'il se le dise dans un premier temps. Cela commençait à le ronger de l'intérieur, et bientôt, il n'arriverait plus à contenir toutes ces émotions qu'il ressent pour elle.

Depuis toujours, il s'était rabâché d'être franc. De dire quand les personnes lui plaisaient ou bien au contraire, leur dire quand leur comportement le dérangeait. Toujours avec tact, évidemment, il ne fallait pas froisser les dites personnes, on ne savait jamais. S'il avait besoin un jour d'eux, dans un futur plus ou moins proche, il s'en voudrait grandement d'avoir foiré sur ce point là. Il pouvait remercier sa mère pour cette fâcheuse habitude... Jusque là, il ne s'en était encore pas servi... Heureusement pour ses proches. Wade avait toujours été sincère, et ce soir là, il avait décidé de l'être encore plus. La mine de son stylo gratte le papier, laissant derrière lui une multitude de mots. Il avait enfin trouvé comment aplatir son ressentiment, et il se sentait pousser des ailes en disant que bientôt, il irait porter cette lettre à cette fille qui avait toujours pris une place importante dans sa vie. Ce petit bout de nana qu'il ne pouvait se résigner à quitter.


Sur un air du groupe Queen, il chantonne, le casque audio vissé sur les oreilles. Sa playlist préférée tourne en boucle, beaucoup de rock ne cesse de crier plus ou moins fort dans ses oreilles. L'un de ses frères ou sœurs pourrait faire irruption dans sa chambre en fracassant des baguette sur un tambour qu'il ne l'entendrait même pas. On pourrait même se demander comment il faisait pour seulement entendre ses pensées... Ça le calme toutes ses symphonies d'une nouvelle époque plus rock. Mais cela ne le déconcentre pas pour autant, il continue à noircir le papier. Il se rappela alors de cette fois, à un son premier match des Knights. Ses frères et sœurs, étaient venus le voir, accompagnés de cette nénétte. Le trac l'envahissait dès lors qu'il pensait qu'il allait mettre les pieds sur la grande patinoire de Londres, vêtu de la tenue des Knights of London. Le vert et jaune hantait ses nuits depuis tant de temps, que son rêve se réalisait enfin. Depuis tant d'années qu'il jouait au hockey, l'équipe des juniors l'avait enfin remarqué, et recruté. Il avait l'habitude de glisser sur la glace, crosse en main, ne manquant pas de rentrer dans le premier adversaire qui oserait prendre le palet à son équipe, écrasant avec une once de satisfaction le chapardeur. Pourtant, ce jour là était différent, et son entourage l'avait bien compris. Sa mère avait voulu être présente, bien qu'elle n'ait assisté qu'à peu de matchs avec son équipe du lycée. C'était son moment de gloire et le poids des responsabilités se faisait lourd. Il entra alors sur le terrain... Il croisa son regard... Et tout s'envola. Il n'avait qu'une hâte, remporter le match avec ses coéquipiers, et lui montrer qu'il était le meilleur.

A y repenser, cet instant lui arracha un sourire, qui s’effaça très vite. Après tout, elle ne ressentait peut-être que de l'amitié pour lui... Et puis, même si c'était réciproque et que cela se passait mal ? Devait-il risquer de perdre l'amitié de sa meilleure amie pour un amour qui s'épuiserait plus vite qu'ils n'aient le temps d'y penser ? Il ne pouvait prendre ce risque, il ne pourrait pas se passer d'elle, se passer de ces confidences, de ces chamailleries, ou bien encore de ces moments simples et sincères ? Sa main ralentit petit à petit, jusqu'à s'arrêter net sur le dernier mot qu'il venait d'inscrire : "Ivy, je t'a-..."

Il ne pouvait pas. Pris d'un pulsion, il ratura la lettre, qu'il balança en boule dans un coin de sa chambre. Il ne pourrait sûrement jamais. Qu'il se trouvait idiot..