( —LET ME IN THE RING, i'll show you what that big word means, kip)

la blancheur des néons lui fait plisser ses yeux fatigués. les gars devraient pas tarder. dans leur langage il a encore bien vingt minutes à poireauter dans les entrailles du parking. même s'il a pas prévu de faire vrombir le moteur ce soir, il leur doit bien de montrer son minois de temps en temps. par politesse. pour pas perdre les contacts. garder sa toile intacte. quoique sol préférerait sûrement pas le voir. sauf peut-être pour lui casser le nez. group chat complètement abandonné au fond d'son iphone, juste assez haut pour se faire harceler. y a personne d'autres qu'eux normalement. minus himself si gunn se bouge pas bientôt le cul.
23:43 sur les aiguilles de sa rolex.
23:43 qui clignote rougeâtre sur l'horloge digitale du tableau de bord.
et toujours pas l'moindre mouvement.
- bouge ton cul gunn
sinon exit the riot club. tant pis pour eux. rdv à 00:30 qu'ils ont dit. parce que sol a encore trouvé un mur à tagger, parce que oz a une bouteille de krug a vider en compagnie princière.
y a trois petits coups qui sont portés à sa vitre, teintée bien sûr. mais qui d'autre que prince schneider peut se ramener dans un parking quasi désert dans une bagnole pareille ?
d'un doigt nonchalant, il fait descendre la vitre, arque un sourcil en guise de salut et déverrouille la portière.
- jpensais pas que tu serais à l'heure
le clac sourd de la porte et il existe plus rien d'autre qu'eux dans le petit compartiment.
y a plus que l'odeur du cuir qui se mélange à celui des roulées du gamin.
et puis y a tim qui hante l'atmosphère.
leurs regards s'accrochent et se lâchent pas.

dans la nuit noire, ton skate vieilli fend l'air. ton pied gauche rencontre le bitume humide par intermittence. tu survoles un sol constellé le chewing-gum délavé par le temps et les passants. l'atmosphère pesante du métro est déjà loin dans ton esprit. il n'y a plus que toi, slalomant entre les quelques voitures à l'arrêt. tout est calme dans le parking, l'agitation de la journée n'est qu'un lointaine souvenir. des yeux, tu t'mets à chercher sa voiture. tu t'attends à une bagnole qui vaut plus que toutes tes choses réunies. sa silhouette se dessiner à quelques pas, dans la semi-obscurité. tu prends ton skate en main avant de t'approcher. tu te claques devant la vitre passager teintée. c'est p't-être un mac qui attend sa pute, tu hausses les épaules. y'a que ce con d'nate pour te donner rendez-vous dans un parking comme ça. quelques coups donnés sur la vitre. le visage du client se découvre. bon. sa voix résonne alors hors de l'habitacle de métal. je suis toujours à l'heure pour quelques billets. "faut pas faire l'con avec les clients" qu'disait papa. amen. et tu rentres dans la casse. t'aurais presque peur d’abîmer le cuir sur lequel ton cul est posé. toi et ton skate entre les jambes, toi et ton t-shirt trop fin, toi et ta gueule qui a mal vieilli. tu fourres la main dans la poche de ton jean pour sortir les papiers demandés qu'tu déposes sur les jambes du type. 50 balles. dis-tu en matant tes doigts éraflés.