ocean eyes

— teen attitude, teen problems.
(the myth, the legend, the baddest bitch of all) Violet découpe les syllabes en une intonation parfaite, elles varient au gré des interlocuteurs — une ribambelles de mots qu’autrui boit comme si elles étaient paroles d’évangile, une sacro-sainte aux paroles acérées, capable d’engendrer le meilleur comme le pire. Elle captive parce qu’elle sait comment s’y prendre, sait où appuyer, connaît amis comme ennemis par coeur forces disparaissent et faiblesses s’animent d’un claquement de doigts dédaigneux. Violet c’est pas un prénom de mean girl et pourtant, elle a toute la panoplie de la gamine qu’on a si souvent souhaité remettre à sa place dans les livres, films et séries — bully, que les années ont passablement assagi, le terme un peu dépassé et à la connotation trop négative pour qu’elle le reconnaisse volontairement, de toute façon toujours épargnée parce que fille de. Et parfois, on doit se demander, comment le professeur Astier a pu engendrer un tel monstre. Un monstre dont l’appétit grandit et rétrécit au gré de l’humeur familiale — qui a appris à faire payer aux plus faibles la colère accumulée entre les murs supposés être rassurants d’une maison où elle ne ressent plus que le manque.  (what is your sign ? Dollar) Héritage familial, colossal, auquel il ne sera jamais question de faire défaut. L’envie qui brûle chaque parcelle de leur épiderme, les laissent prêtes à s’embraser et calciner le moindre petit détail se hissant entre elles et une réussite certaine — c’est dans ces moments qu’elles se ressemblent le plus : telle mère, telle fille. Violet appartient à la caste qui possède déjà tant et plus, mais qui n’en aura jamais assez ; on lui donne une main et elle arrache le bras sans la moindre hésitation, le regard d’une impassibilité dérangeante.  (Rich girls don't have hearts) Violet, c’est le reflet involontaire des années d’une relation écorchée entre deux parents qui, elle en doute fortement, se sont un jour aimé mutuellement. Garçons-jouets, une armée de soldats de plomb dont elle use et abuse lorsque l’ennui survient, avant de les déposer dans un coin, persuadée qu’ils seront toujours là lorsqu’elle se décidera à nouveau à jouer avec eux — c’est souvent le cas, parce qu’on ne dit pas à non à Violet.  (you attack one of us, you attack all of us) Versatile, paraît-il — elle répondra qu’elle est juste capable de s’adapter en toute circonstance et à toute situation. Y’a une constante dans son existence, une seule, pourtant. La chose à laquelle elle s’accroche avec un peu trop de ferveur, c’est ses copines. Ça a commencé avec les parents et ça se poursuit avec les enfants — squad goal de tous les temps, d’une génération à l’autre, du bac à sable à l’éternité, c’est un peu comme si Vioilet avait juré loyauté. Parce que dans un monde comme le sien, y’a pas beaucoup de choses auxquelles on s’attache — tout est éphémère ou laisse place à l’ennui, et c’est p’t’être pour ça que ça étonne tant, quand on se rend compte combien Violet défend toujours les trois mêmes filles avec ferveur, quand elle peut s’acharner avec une cruauté certaine sur d’autres.  (Legacy, sthg handed down from an ancestor) C’est pas qu’elle préfère maman à papa, c’est pas qu’elle se sent plus proche, c’est pas qu’elles partagent plus de choses. C’est qu’on lui a raconté, à Violet, ce qu’elle a traversé et c’est toujours avec un brin de fierté qu’elle pose le regard sur le bureau de la génitrice, perdue entre deux affaires à plaider, cachée derrière une montagne de dossiers. Elle se souvient que petite, il fallait se taire quand maman étudiait, faire le moins de bruit possible et elle comprenait déjà — elle savait qu’elle deviendrait quelqu’un d’important, qu’il lui fallait juste du temps. C’est ce qu’elle aime imaginer, du moins. Ça fait des années qu’elle sait qu’elle reprendra le flambeau, qu’un jour c’est elle qui passera le barreau après avoir intégré une université de la Ivy League et qu’on renommera le cabinet Keynes & daughter. Violet y a toujours vu un empire à bâtir.   (World okayest father) Elles sont nombreuses, surtout dans son cercle de fréquentations — les filles à papa, jupes plissées et airs parfaits collés sur leurs visages de poupées, ça court les couloirs du lycée privé. Ça lui importe peu, dans le fond, parce que c’est pas tous les pères qui ont mis leurs vie entre parenthèses le temps d’une éducation, c’est pas tous les pères qui méritent d’être hissés sur un piédestal comme Violet l’a fait avec le sien.