sick of losing soulmates/

— teen attitude, teen problems.
La nuit.

C'est le silence à la fois doux et effrayant. Samie pense, rêve, réfléchit. Pense à tout, à rien. Son ouïe est plus développée lorsqu'il fait sombre. Elle entend les feuilles des arbres qui se chatouillent entre elles au gré du vent. Le craquement de l'armoire en bois la fait légèrement frissonner. Ce silence l'englobant l'angoisse aussi. Elle est seule dans une pièce noire et vide. Seule. Noire. Vide. Noire comme les pensées qui la hantent. Froide comme son corps. Vide comme son cœur. Elle étouffe. Sa respiration s’accélère, mais pas correctement et de façon contrôlée comme quand elle s'entraîne pour le 100m.

Elle ferme les yeux. Elle ne peut pas le croire. Elle rêve. C’est obligé, elle rêve. Y a pas d’autre explication à ce qu'il s'est passé. Elle réfléchit. Il y a des tas de choses dont elle doit s'inquiéter. Des choses inavouables. Elle aimerait oublier, effacer sa mémoire. Mais les images dans sa tête ont la vie dure, elles roulent comme des cailloux, comme des pierres qui frôlent la surface de l’eau. Délivrant cette amertume ou ce petit picotement qui éclate et qui raisonne. Les fragilités. Comme des ondes, comme des variations.

C’est le délire, vraiment, un incroyable foutu bordel qui s’est enfoncé dans sa vie en une seule seconde, elle a rien vu venir. Elle le sait pas encore, mais il faut aux événement cruciaux un peu de temps pour s'épanouir, comme une plante dans l'âme, porter leurs fruits et se déclarer dans la réalité. On pourrait appeler ça "le temps que ça prend pour ramasser". plus jamais rien comme avant. Et, en bruit de fond, toujours se demander : qui aurais-je été si ça ne m'était pas arrivé.

Puis vient le jour. On se sent en sécurité mais on est en alerte chaque seconde. Tout est chargé de sens. Chaque geste, chaque parole, chaque relation. Mais on oublie un peu tout ça en traînant avec les potes, en déjeunant avec ce qu'il reste de la famille, en s'occupant.

Personne ne sait. Personne ne dira rien. Tout va bien. Oui, ça va aller.