comme un ouragan. (les sœurs luna)

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tu viens d'achever ta deuxième heure de cours ce matin. cours de maths. t'aimes pas vraiment la matière, mais t'essayes de faire de ton mieux quand même. l'truc, c'est que c'est l'bordel pendant les cours. personne n'écoute, des gars se battent, menacent le prof qui les sépare. ça craint, mais tu commences à être habituée à ce genre de situation. c'est fréquent au lycée. parfois t'aimerais quand même pouvoir écouter tranquillement. mais bon... c'est trop demander ici, visiblement. t'as une heure de perm dans ton emploi du temps. ça ne sert pas à grand chose selon toi. c'est plus chiant qu'autre chose. tu préférerais pouvoir sortir, aller prendre des couleurs au soleil, ou aller acheter un petit déj à la supérette d'en face. il n'y avait plus de céréales ce matin à la maison. ni de lait d'ailleurs. papa et maman n'ont déjà plus de fric sur le compte en banque alors que ce n'est que le milieu du mois. alors tu n'as rien mangé, et maintenant tu as faim. tu traînes dans les couloirs, tu n'as pas envie d'aller poser tes fesses sur une chaise de la salle d'étude. mais bon, tu n'as pas trop le choix. alors t'entre dans la grande salle dans laquelle il y a pas mal de monde. le surveillant te regarde en haussant un sourcil. j'peux savoir ou t'étais ? L'heure de perm a débuter y'a plus de dix minutes. tu hausses les épaules sans donner de réponse avant de balayer la salle des yeux. et là t'aperçois nala. ta sœur. c'est rare que vous vous retrouvez dans la même salle en même temps. tu souris et tu t'avances vers elle afin de t'asseoir à ses côtés. le surveillant regarde encore, il ne va pas tarder à te demander de changer de place, il ne veut pas de bordel. tu poses ton sac sur la table, signe que tu ne compte pas travailler. de toute façon tu n'as pas de devoir à avancer. ça m'saoule d'être ici. et j'ai trop faim. tu racontes ta vie à ta sœur, elle a l'habitude.

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se lever. encore et encore. chaque matin c'est pareil. faut sortir d'son lit alors que le soleil ne pointe même pas encore vraiment l'bout de son nez. faire un effort vestimentaire pour n'pas s'faire lynché une fois arrivé dans la cour. faire son sac, n'rien oublier. sauf que nala, elle oublie trop de choses. ce matin, elle a oublié de manger. enfin, elle n'a même pas eu l'temps de mettre son nez dans les placards, surtout. trop de temps pour se coiffer. faire cette queue de cheval. des cheveux qui refusaient de coopérer. rien qu'ça. robe bien trop grande sur le dos. qui laisse entrevoir les bretelles de sa brassière. baskets aux pieds, elle marche. vite. vite. ne pas arriver en retard. sac sur le dos, portable en poche. la gamine, elle arrive juste à temps ce matin. le cul sur la chaise quand la porte se ferme. pour de bon. pas de retardataires acceptés. règle posée depuis bien longtemps. nala au fond de la salle. comme toujours. sciences. comme si elle allait faire autre chose qu'parler. faut pas compter sur elle. jamais en cours. alors nala, elle s'occupe comme elle peut. fait passer l'temps. écoute les autres envoyer, plus ou moins gentiment, chier l'prof. ça la fait marrer d'ordinaire. gamine trop fatiguée aujourd'hui pourtant. nala, tu peux m'donner la réponse ? la voix douce. comme pour l'appâter. comme si elle allait s'laisser amadouer. comme si elle avait suivi l'moindre mot depuis qu'elle est entrée. non. simple. gamine qui n'tourne pas autour du pot. ça n'sert a rien. le cours qui s'termine. l'autre commence. ça va trop vite. tout s'enchaîne. gamine qui n'veut pas rester. qui n'veut pas commencer ces heures de sport. alors elle s'approche de la prof. tranquillement. sac sur le dos. j'ai oublié mes affaires. le regard de la femme qui se pose sur nala. enfin. yeux dans les yeux. femme qui souffle. lourdement. encore ? les épaules qu'elle hausse. sans rien ajouter. la prof qui reprend. tu peux aller prendre les vieux shorts que y'a dans la salle à côté. et quelqu'un pourra bien te passer un tee-shirt. elle rit nala. fort. de bon coeur. comme si c'était la meilleure blague qu'on lui ai dite. et c'est sûrement l'cas d'ailleurs. mettre ces horreurs ? j'crois pas non. j'vais en perm. on s'retrouve la semaine prochaine. elle ne la laisse pas répondre et s'éloigne. vite. ne pas s'faire rattraper.
nala, l'cul sur une chaise dans la salle. des personnes plus jeunes, des gars d'la classe d'sa soeur, elle les a reconnu. la fille chelou au look hippie d'sa propre classe, aussi. fille dispensée d'sport à l'année. putain d'blague. c'est sûrement elle qui est l'plus préparée à ça. la tenue d'sport en permanence sur l'dos. nala parmi tout c'monde. qui souffle. tête sur la table. et la chaise à ses côtés bouge finalement. sa soeur. elle reconnait sa voix. gamine qui s'plains d'pas avoir mangé. y'avais déjà plus rien a bouffer ? elle souffle. doucement. las de cette situation. d'plus rien avoir à la moitié du mois. putain d'bordel. parce qu'elle imagine déjà la fin du mois. quand il n'y aura vraiment plus rien. tête qu'elle tourne vers sa cadette, tempe toujours contre la table. oh, les deux luna, vous vous séparez là. j'veux pas d'bordel aujourd'hui. nala qui relève la tête. plante son regard dans celui du pion. sourcils froncés. détends toi mon gars. on va rien faire. et nala, qui tourne finalement la tête. vers sa soeur. t'as jamais cours toi en fait, abusé. remarque qu'elle lance, comme ça.

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en vrai, tu préfères largement avoir perm que maths. t'aimes pas cette matière. t'es pas très douée en calculs, même si t'essayes de t'accrocher pour récolter la moyenne. c'pas gagné. heureusement que tu te débrouilles bien dans les autres matières sinon bonjour la moyenne de merde. mais t'es une bonne élève toi. tu fais de ton mieux pour essayer de t'assurer un avenir, une bourse pour l'université. t'y arriveras. t'espères. mais bon, en attendant, tu ne sautes pas non plus de joie à l'idée de te retrouve rune heure en perm, le cul posé sur une chaise, à ne rien foutre parce que t'as déjà fait tous tes devoirs. et l'pion n'a pas l'air franchement de bonne humeur en plus, et le fait que t'arrives en retard n'arranges pas les choses. heureusement, y'a ta sœur, et ça te mets de meilleure humeur. ce n'est pas toujours l'amour fou entre vous deux, mais t'aimes bien la retrouver au lycée parfois. une tête connue au milieu de la jungle. t'es à peine assise à côté d'elle que tu te plains déjà. tu n'as pas mangé ce matin, et maintenant t'as faim. Nan, et j'crois qu'on n'est pas prêts à avoir des céréales dans les placards avant longtemps. J'ai entendu les parents s'plaindre d'être dans l'rouge niveau pognon. Ça ne change pas de d'habitude tu m'diras. vos parents, ils ont le don de s'foutre dans la merde tout seul. trop laxistes, trop têtes en l'air et incapables de gérer leur compte en banque. tu te dis souvent qu'ils auraient dû faire moins de gosses, ça leur aurait rendu service. mais bon, en attendant tout le monde trinque un peu à la maison, et la fin du mois va être compliquée. tu regardes ta sœur, qui a la tempe posée sur la table. tu sais qu'elle pense pareil, tu sais qu'elle imagine déjà l'enfer des quinze prochains jours. On va s'serrer les coudes, on a l'habitude. tu souris, même si au fond t'aurais plutôt envie de pleurer. et puis y'a l'pion qui se la ramène encore. tu lèves les yeux au ciel. tu laisses ta sœur répondre, tu sortiras les crocs s'il vous fait encore chier, ce qui ne devrait pas tarder le connaissant un peu. tu hausses les épaules à la remarque de ta sœur. c'est vrai que t'as pas mal d'heures de perm dans la semaine. les profs disent que c'est pour vous habituer à bosser, à vous avancer sur votre boulot. c'pas de ma faute, j'préférerais avoir cours. j'ai jamais rien à faire pendant les heures de perm. élève trop sérieuse, trop studieuse. t'es pas censée être en cours de sport toi ? Ne m'dis pas que tu sèches encore ?

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