k a m i l a — vague a(l’)arme

— teen attitude, teen problems.
à force d'insulter les vaillants et les justes,
à force de flatter les trahisons augustes,
à force d'être abject et d'ajuster des tas de sophismes hideux aux plus noirs attentats [...]

la terre sous les ongles, les cieux dans les yeux, lourd est le coeur, sombre est la peur. kam elle fait plus la différence entre la vie et la mort, les entrailles sèches laissent leurs traces amères, les âmes vagabondes encore, y’a une odeur cadavérique qui flotte à tort. inanimé, les regards sont vides d’avoir trop pleurés, tous se bousculent pour se sauver,  sans vraiment de conviction, juste des esprits tyrannisé par le bruit intimidant des kamikazes. la crainte de lâcher prise aussi un peu, puis aussi par l’inconnu perçant qu’est l’au-delà. et kam, au milieu de ce qu’il reste de ses géniteurs, elle tente de rassembler les morceaux en se demandant si l’au-delà c’est pas mieux qu’ici finalement. si là-bas elle pourrait tous les retrouver. la gamine elle se demande à quoi bon survivre quand elle s’endort au milieu des cendres, quand les souvenirs commencent déjà à se faire la malle et qu’elle sait que y’a plus personne pour la regarder vivre de toute façon. la perte est colossal, son monde devenu désertique en un claquement de doigts, tout ne tient qu’à un putain de fil qui a lâché trop tôt. six ans et les yeux qui ont tellement soufferts tant elle aimerait se les arracher. elle sursaute dans ses nuits noires, bercée par la solitude et les silences macabres, kam l’étoile qu’on a bousillée prématurément. elle ferme les yeux, à la recherche d’un maigre soulagement, juste le temps de quelques heures, quelques minutes ou même quelques secondes pour ne pas s’éteindre sous le chagrin.

son oeil était mystérieux.
il contient, cet oeil de colombe,
le même infini que les cieux,
la même aurore que la tombe.

la renaissance. kam arrivée en martyr sur le sol américain, graciée par des hypocrites aux coeurs tendres, animés par leurs intentions aux allures héroïques. un jour ils sauvent une gamine des chars d’assauts et demain ce sera le tour d’un SDF. le monde et ses misères exploitées, tel des bêtes de foires ou des toiles obscures dont ils aiment s’amouracher. comme si le malheur avait plus de succès que le bonheur. perfection ennuyante. kam elle est divertissante, gamine en détresse, ses plaies attractives qu’ils veulent tous panser. on l’a regarde avec pitié, les cauchemars agrippés à ses prunelles translucides, kam elle se cache derrière ce voile brumeux qui lui rappelle toujours d’où elle vient. et rapidement, les couloirs deviennent bruyants, les échos perturbants et ça bouscule sa solitude. née au milieu de rien, dur de vivre dans le trop, en quête de bouffées d’oxygène, elle s’intoxique aux pays des abandonnés. louve solitaire fuyant les simulacres d’une famille reconstituée par le lien de la désertion. les âmes orphelines se trouvent refuge les uns chez les autres, paraît que les maux semblent moins douloureux quand ils sont partagés. kam, elle, elle veut juste l’oublier, effacer cet algorithme qui ordonne qu’elle soit obligé de venir de quelque part. de quelqu’un. mais les r o s e ont insisté.

le corps, époux impur de l’âme,
plein des vils appétits d’où naît le vice infâme,
pesant, fétide, abject, malade à tous moments.

les rose. c’est la famille en en plaqué or, les lettres qui pesaient lourds autrefois, un nom apaisant sur une tête de batarde attrapée au vol. sûrement pour remplacer le premier enfant brouillon des rose, celui qui marche pas droit, qui fracasse tout sur son passage. alors elle a essayé de se sentir redevable, d’amour, de fierté, d’ambitions, de projets. elle se devait de tout donner parce que les rose l’ont acceptés. parce que les rose ils la regardaient avec des yeux tout illuminés. kam elle voulait pas être celle qui éteindrait les lumières dans les iris, elle voulait pas être celle qui donne les remords et les regrets. elle a jamais voulue devenir ce mauvais choix qu’on regarde plus. mais la culpabilité l’a rattrapée, les démons d’un patrimoine décimé n’ont jamais cessés de hurler dans sa petite tête et elle a perdue pieds. dans les draps du cadet des rose, erreur fatale qui l’a ramenée à la rue. kam, égarée elle subit les conséquences d’une union interdite. ramassée dans une ruelle, un sentiment de déjà vue, le déchet qu’on se refile quand il devient trop pourri, c’est l’ours qui a décidé de se la coltiner.

il ne faut pas trop se protéger, sinon on ne ressent plus rien. notre coeur devient de glace, on est plus qu’un mort vivant et la vie perd à jamais toute saveur.

colère. dans son sang en ébullition, qui tourne dans ses veines pour en faire battre un palpitant trop sauvage. trop fort. elle cogne dans les murs, se casse parfois quelques ongles bien manucurés faits pour leurre. carapace dure, carapace froide, elle se déverse quand l’orage gronde. et comme la foudre, impossible à canaliser, brève, à jamais savoir où elle frappera à nouveau. lumière volage, électrique, choc émotionnel qui fait d’elle l’instable au cœur mystérieux. avarice. quand le désir est trop grand pour ses petits yeux aux couleurs changeantes. elle en veut trop, toujours plus, encore et encore sans se contenter vraiment. elle gratte, elle s’immisce et s’incruste comme une putain de bactérie qui nous ronge. elle aime ce jeu de poker que la vie exige, l’idée que sa tête soit mise à prix juste pour toucher le pactole du bout des doigts. envie. fille de rue, fille de nuit. louve affamée qui veut faire cesser son désintérêt. celui qu’elle a envers les autres, envers le monde mais sans jamais vraiment y arriver. pourtant elle force, elle peut faire croire à qui bon lui semble que la lune est rouge, que les étoiles sont vertes et qu’elle sait aimer. sans jamais le penser, sans jamais y croire, simplement pour faire briller des regards en attendant qu’un la touche en plein dans le mille. encore une fois.  l’orgueil. elle croit en elle. peut être un peu trop, jamais assez pour elle. gamine déstructurée, un peu trop naïve sur les bords pour ne pas croire à sa chute. elle ne vit que dans son monde, celui où elle est reine, où elle est maîtresse d’un jeu et de quelques pions qui chassent l’ennui ou les guerres. elle fait pitié dans ce rôle, mais elle aime ça alors elle reste en attendant le jour de sa perte. gourmandise. elle croque dans l’âme, dans la chaire pour ne laisser que l’empreinte venimeuse dont on a du mal à se défaire. des souvenirs ardents, violents parfois mais trop marquants pour ne pas en laisser quelques uns derrière elle en stress post-traumatique. elle s’en branle, tant qu’elle a dévoré deux ou trois semblants de démons ou encore une ou deux âmes trop propres selon ses envies. paresse. elle dort éveillée, en plein dans ce rêve qu’elle s’est créée en même temps que cette nouvelle vie. ce nouveau elle au visage inchangé. elle se berce d’illusions, de faux semblants, de mensonges auxquels elle croit dure comme fer. luxure. les diamants dans les yeux, l’or dans les paroles abrutissantes ou hypnotisantes, la lame d’argent au bout de sa langue parfois trop tranchante. kam elle brille de milles feux, aveuglant ces autres sans aucun scrupule d’un personnage inventé de toutes pièces.