'70s IN SPIRIT

— teen attitude, teen problems.


ses cheveux fins farci d'un châtain bien éclairci sont dressés comme son sourire cassé qui ne disparaît pas. la carrure solide, james dean dans le regard et un visage de minot qui sait faire traîner l’œil du petit monde bien trop facilement. gosse au parfum de la jeunesse envolée au rythme de ses propres envolées, ses propres insécurités, et ses propres dérapages. putain qu'c'est dur de grandir. chez maman, tout semble si beau, si lisse et si propre que tout le reste autour ne peut qu'être aussi éblouissant. mais naïveté trompe avec de beaux mensonges pour mieux cacher l'affreuse réalité. naïveté l'a poussé fort dans ses roses intoxiquées et dès lors il a goûté à un poison insoupçonné : celui de la liberté.
walker vivait là où les sous-sols grouillaient de junkies, là où les moins sains d'esprit tiraient profit de chambres à bas prix, là où les hommes perdaient espoir et là où les femmes en gagnaient. père aux abonnes absents, remplacé par dieu qu'il n'a jamais pu piffer. quand il était petit, vers huit-neuf ans, walker a pourtant essayé d'être pote avec dieu en l'invitant chez lui à venir voir le championnat du monde de basket. il est jamais venu. c'est sa mère qui a tenté, maintes et maintes fois, de l'inciter à croire en ce type qu'il n'a jamais connu. qui te dit qu'il te raconte pas de conneries, dieu ? qu'il grognait, nez froncé.

adolescence sauvage. sa vie tournait autour du basketball dont il était une star montante (un peu), des virées avec ses potes (beaucoup) et ses séances de défonce (passionnément). walker s'est soumis à l'âge de l'insouciance et de l'intrépidité, avec l'allure fanfaronne, délaissant derrière lui pas grand chose finalement, si ce n'est qu'un avenir tracé dans le basketball qui aurait pu le retirer de cette vie sur laquelle il crachait un peu trop. journées de traîne, de déconne, de séchage de cours, et de glande dans les rues à les sillonner avec sa bande de potes tout aussi galériens en quête de coups fumeux, qu'il s'agisse de narguer les touristes en exhibant leur anatomie, plonger dans la rivière de la ville où se déversent les eaux usées des égouts, se moquer des péquenots russes à peine débarqués du bateau. des nuits sans réelle raison à se prendre des cuites, sniffer de la poudre d'ange et se shooter à la codéine. derrière tout ça, y'a un gamin malheureux, qui prend les mauvais choix et les assume qu'à moitié. entouré de ceux qu'on évite dans la rue, à ne briller plus qu'avec la trans qui glisse sur son front lors des lendemains incertains.
puis l'addiction vous serre le cou, elle vous baise tellement de fois que vous finissez par l'apprécier. jusqu'à tenter l'héroïne, constater ses dégâts, encaisser et continuer d'avancer, sans se retourner, sans vraiment y réfléchir plus que ça. perdre la virginité de ses veines à quinze ans pour certains, c'est inimaginable. pour lui, ce n'était que la continuité des choses. walker s'est retrouvé à la rue à crever la dalle, le froid, la peine un peu, et il voyait défiler tous ces gens qui pouvait le contempler croupir à feu doux. c'était sordide et sombre, mais il ne pouvait pas se plaindre, ou s'appesantir car il savait très bien que personne ne viendrait le chercher.

ces rues-là alourdissent la nuit. une grosse vague de chaleur possédait tout son corps et toutes ses petites douleurs envolées. il n'y a rien de mieux que le premier flash, c'est comme dix orgasmes. les pensées s’enchaînaient, traversaient la tête, rapides et claires comme des films.
mais un jour au réveil, le nez s'est mis brusquement à couler, la gerbe lui montait aux bord des lèvres, les muscles devenus lourds et raides. c'est comme si la déchéance lui flanquait des torgnoles. alors il s'est regardé dans le miroir, et s'est aperçu qu'il ferait mieux de laisser tomber la drogue aussi sec. walker s'est senti prêt à mettre un terme à cette-dernière et tout ce qui la complète tristement; ces hommes affamés de chair fraîche, prêts à surgir sur leur proie comme des faucons ou à ces braquages dans l'ombre à cause desquels il devenait la cible d'une police intransigeante.

aujourd'hui. pour le sauver, et de la dépendance et de cette ambiance oppressante, walker s'est investit de plus en plus dans l’écriture. d'ailleurs il trouve ça plutôt bien, lui qui n'a jamais cru aux bienfaisances de l'école s'est trouvé une belle passion. il vit toujours dans la zone sud, seul dans un appartement presque miteux, et tous les jours il arpente ces trottoirs qui regorgent de tous les junkies qu'il a pu côtoyer. et derrière la tête, les regrets et l’amertume pimentent, la prise de conscience est probablement dix fois plus dur que le lendemain d'une soirée héroïnée.
mais il y a mia. culpabilité. cette fille qu'il connaît depuis toujours et pour qui son cœur tremble et s'agite comme un enfant timide, c'est fou comme il aime, c'est fou comme il peut l'aimer, c'est fou comme il ose l'aimer. mia a tout pour elle, mais cette soirée, comme toutes les autres soirées, le regard vitreux et carabiné, walker s'est rendu chez elle comme le pire des voyous. dans sa main droite, il lui a tendu un bout de la mort. elle l'a pris, et ses narines ont chauffé et la manège s'est mis à tourner.
merci walker day de m'avoir faite voyager.
de rien, c'était dingue. qu'il a balbutié.
puis le manège tourne,