Est-ce que tu t’es déjà senti vivre ou t’essayes de t’persuader?

— teen attitude, teen problems.
Dans la voiture, ta mère est drôlement silencieuse. Comme au collège, quand elle est venu te chercher chez le principal. Pas un mot. Elle ne s'énerve pas, elle semble déçue plus qu'énerver. Et ça, ça te fais mal. Parce que t'as toujours été la prunelle de ses yeux, son petit homme parfait. Vous entrez dans la maison, toujours accompagné de ce silence glacial. Tu poses ton sac sur la table de la salle à manger, tandis qu'elle se rend dans la cuisine pour se servir un verre de vin. Tu ne supportes pas qu'elle t'ignores comme ça. Du haut de tes treize ans, tu te rends compte que cette fois-ci, tu as été trop loin, tu l'as blessé, déçu. Tu t'approches de l’îlot central, te positionnes en face d'elle. « Je suis désolé maman. » Tu murmures, honteux. Tes excuses sont sincères. Elle lève la tête pour encrer son regard rempli de colère dans le tien. « Tais-toi. » La sécheresse de ses paroles de glace le sang. Réflexe d'enfant que tu es, tu cherches à te justifier. « Il m'a insulté, je n'allais pas ne rien dire ! » Tu parles vite, paniquant. « Je ne veux rien entendre, la violence n'est pas une solution et tu le sais très bien Kael ! » Elle cri cette fois-ci. C'est rare qu'elle le fasse et là, tu sais qu'elle t'en veut vraiment. Tu sais aussi la raison pour laquelle ça lui fait aussi mal. Elle ne veut pas que tu deviennes comme ton père, à frapper sa femme quand ça ne va pas. Tu l'a que trop vu remplit de bleu. Tu baisses les yeux. Elle soupire. « Tu me déçois énormément Kael. Maintenant va chercher la trousse de soin. » Tu détestes quand elle t'appelle par ton prénom. Tu es habitué à ses petits surnoms rempli d'amour. Tu t’exécutes en silence. Il n'y a plus rien à dire. Tu montes à la salle de bain. Il te faut quelques minutes pour trouver la trousse. Tu prends quelques secondes pour regarder ton reflet dans le miroir. Ta lèvre est ouverte, ton arcade aussi. Pas mal de sang sur ton visage et un hématome autour de l’œil. Tu n'as pas fait les choses à moitié cette fois-ci. Un gros bruit retenti, venant d'en bas. Directement, tu penses à ta mère. Vous êtes les seuls à être à la maison, la femme de ménage étant dans le jardin. Tu laisses tomber la trousse sur le sol et cours dans les escaliers. Ce n'est pas la première fois que ta mère perd connaissance et tu es presque habitué à cela. Tu la retrouves au sol, mais tu sens que cette fois-ci, c'est différent. Ta mère a les yeux ouverts et tout son corps tremble. « Maman ?! Maman ça va ?! » Tu essayes d'avoir son attention, tu paniques. Ça ne ressemble pas à ses pertes de connaissance habituelles. Tu cours jusqu'à la porte vitrée qui donne sur le jardin. « Appelle les pompiers ! » Tu hurles à la femme de ménage qui te rejoins très vite. Elle prend le téléphone pour prévenir les urgences tandis qu'elle essaye de te détacher de ta mère, en vain. Tu refuses de la lâcher. Des larmes coulent sur ton visage. Ce sera la dernière fois que tu verras ta mère vivante. Et la dernière phrase qu'elle t'as dit restera encré dans ta tête à jamais.


La mort de ta mère ne t'as pas fait devenir une meilleure personne, bien au contraire. Rempli de haine envers le monde, troublé par se départ prématuré, tu es devenu un vrai petit con. Tu te bats, tu insultes, tu manques de respect. C'est devenu ta marque de fabrique. Mais désormais, tu le fais intelligemment, tu évites de te faire prendre. Tu as besoin de ça, tu as besoin de te défouler, de faire sortir ce qu'il y a au fond de toi. Tu as besoin de te sentir vivant et c'est lorsque tu encaisses les coups, que tu as l'impression de vivre à nouveau. Tu es une coquille vide depuis que ta mère vous a quitté et ça ne s'est pas arrangé avec les années. Tu as vu plusieurs psychologues, sans jamais leur dire ce que tu ressentais. L'arrivée de cette nouvelle famille n'a fait qu'augmenter ta douleur et ta haine envers ton propre paternel. Tu ne sais pas pour qu'elle raison, tu ne crois pas en la version de ton père sur la mort de ta mère. Une maladie. Tu sens au fond de toi qu'il te cache quelque chose et qu'un jour, tu le découvriras. Lui a l'air de s'être bien remis de son départ. Une nouvelle femme, une nouvelle famille parfaite. Tout ce que tu détestes. Une belle-mère plus jeune et superficielle. Des enfants tous aussi exemplaires les uns que les autres. Tu te sens l’intrus de ta propre famille. Alors, tu te venges sur les autres, pour ne pas te blesser toi-même. Et c'est ce qui est arrivé ce jour-là. Mais, la blague est allé trop loin, hero est allé trop loin. De base, vous deviez juste le frapper un peu, pour rigoler, et le laisser comme ça. Mais lorsque Hero a commencé à le frapper, c'était comme s'il était possédé. Il a déversé sa haine sur lui, se vengeant d'un truc qu'Henri n'a jamais fait. Vous l'avez laissé comme ça, dans un sale état, inconscient. Et s'il était mort ? Vous auriez fait quoi ? Désormais vous êtes tous dans la merde, pour une blague à la con. Car même si vous avez accusé quelqu'un d'autre, ce secret vous suivra pour toujours. Alors oui, ce n'est pas toi qui l'a frappé, mais tu n'as pas arrêté Hero non plus, alors tu es tout aussi coupable que lui. Tu n'as pas pu l'arrêter, car au fond de toi, tu comprenais son acte. Tu aurais sûrement fait la même chose à sa place, tu l'as déjà fait, mais hors du lycée, lors de soirée. Il n'est pas question que quelqu'un le balance, tu ne laisseras pas Hero sombrer pour une erreur. Tu n'es pas comme ça. Tu le soutiendras toujours, coûte que coûte, parce qu'au fond, vous vous ressemblez beaucoup et que ça aurait pu être toi à sa place. Mais est-ce qu'il aurait réagi de la même façon que toi ? Tu commences à en douter.