bousculade lunaire (macgregor)

il fait sombre, tes ongles clapottent sur la surface de bois où tu es assise, le banc du parc. la fontaine qui gicle, le silence d'or & le vide de cet endroit t'apaisent. tu aimes venir observer les étoiles la nuit, te promener sans le moindre tracas & te dire que tout est éphémère pour l'instant. au moment où tu décides de te lever, ton téléphone se met à sonner soudainement, ce qui te provoque un sursaut de surprise. c'est ta mère, tu décroches rapidement, elle qui te demande à quelle heure tu vas rentrer. tu lui réponds que tu seras à la maison dans quelques minutes seulement, le temps de te dépêcher. debout sur le sol, tu t'avances d'une démarche active, en courant presque. tu ne regardes pas où tu vas, tu te concentres principalement sur les étoiles qui t'éblouissent fâcheusement. un lot de secondes avant de te rendre compte que tu viens de rentrer dans quelqu'un, ou plutôt que tu as heurté un homme. tu lèves la tête, vous vous retrouvez face à face & tu lui présentes tes plus grandes excuses, étant un peu pressée. ton regard se plonge dans ses yeux bruns & tu te sens légèrement gênée. il a l'air jeune, tu as l'impression de l'avoir déjà vu quelque part mais tu ne sais pas où. en réalité, tu l'as aperçu devant le lycée public de la ville, mais tu ne t'en souviens plus vraiment. désolée encore, moi c'est primrose, et toi ? lui lances-tu, le sourire aux lèvres & l'expression chaleureuse. d'ailleurs, tu te souviens en une fraction de seconde la voix de ta mère qui t'ordonne de revenir le plus vite possible, & tu jettes un coup d'oeil aux alentours. puis, tu dois téléphoner à tes meilleures amies pour organiser une soirée pyjama prochainement, & aussi à sid, histoire de savoir s'il va bien en ce moment. & certainement réviser ton devoir de mathématique et celui d'histoire.

Il y a des moments comme  celui là où seule la loi de murphy – aussi terrible et vicelarde puisse-t-elle être- règne ; s’il existe une chance même infime qu’une emmerde tombe sur le coin de ta figure, sois certain qu’elle le fera à un moment x ou à un autre.

Lorsqu’il s’était précipité hors de sa baraque pour rejoindre un pote, à la plus grande incompréhension du patriarche, répondant à un appel à l’aide d’une importance relative – l’importance relative relève, ici, du prêt subito presto d’un chargeur de téléphone portable i-phone - , Mac pensait que ce serait l’affaire de vulgaires minutes, qu’il trouverait son pote au point de ralliement, à se cailler les couilles dehors l‘attendant sagement comme le stipulait son message. Souvent, la marge se trouvant entre « attentes » et « réalités » se montre on ne peut plus contrefaite – et, encore, on n’est pas loin de fricoter bougrement avec l’euphémisme. Le fait est qu’en arrivant au dit point de ralliement, il ne fut pas tant surpris de constater que son acolyte venait de lui poser un lapin – à l’ère du numérique, il s’était arrangé pour lui envoyer un ultime sms avant que – citation indispensable -  sa ‘batterie claque’. Laissant un Mac désemparé – plutôt blasé - , à son triste sort – plutôt rassuré d’épargner à son chargeur une rencontre hasardeuse avec celui qui a aujourd'hui encore pour première réputation de ‘casser, briser, bousiller’ tout ce qui peut lui tomber sous la pogne. Ça n’aurait jamais rien  été de plus que quinze foutus dollars – une somme dérisoire que l’adolescent avait pourtant gagné à bosser jusqu’à en avoir des crevasses aux mains, spontex comme arme de poing.

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Il pousse un profond soupire – il tangue entre soulagement et énervement et , pourrait avouer, dans d’autres circonstances, que la frontière entre les deux se montre assez ténue. Il se munit de son cellulaire ,et de ses doigts hyper entraînés, écrit un texto à une vitesse défiant l’entendement général ; l’attention pleinement tournée vers la tâche. Ce qui suit – une ombre frappant de plein fouet son torse, envoyant son téléphone en rencontre anticipée avec son créateur – pourrait, plus tard, être qualifié de sale coup du destin. Day crache un juron, lorsqu’il baisse le regard pour constater la chevelure blonde encadrant un visage qui ne lui est pas étranger ( mais qui se révélerait extrêmement coûteux en calories à resituer ‘temporellement’ et autant dire que Mac est pour l’économie d’énergie), ses lèvres s’ourlent sur l’absence flagrante d’un sourire, à cet instant remplacé par un drôle de rictus. Il se penche pour ramasser brusquement son gadget : résultat des courses, il a dans la poche de sa  veste un chargeur qui ne sera plus d’une très grande utilité, l’écran  est brisé et l’objet ne se rallume plus.« Le regard, c’est droit devant qu’on le balade quand on marche normalement » - fait-il, ignorant sciemment ses présentations pour se concentrer sur sa babiole cassée. Elle pense quoi ? Que son sourire et son prénom vont lui payer les réparations ? « la lune et les étoiles seront encore là demain, madame-tête-en-l’air » ajoute-t-il, quittant les brisures du regard pour le fixer dans celui de la dénommée Primrose.