// broses and daffodudes

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tu titubes un peu à l'entrée, prenant quelques longues secondes avant de parvenir à insérer la clé dans la serrure. au moins cette fois tu l'as pas perdue. les retours de soirées sont toujours difficiles avec toi, tu te lâches un peu trop et t'oublies qu'il faut tenir un minimum droit pour le retour à chaque fois. heureusement t'as toujours tes potes avec toi, pour te raccompagner jusqu'au pas de ta porte ou pour te laisser dormir sur leur canapé. sauf quand ils y vont aussi à fond que toi et en cette fin d'année, tout le monde se déchaîne un peu. après tout, vous allez pour la plupart entamer votre dernière ligne droite au bahut avant de vous lancer soit dans la vie active, soit dans des études supérieures. tu sais que tu veux continuer le foot à l'université et t'as déjà préparé ton coup avec le coach pour décrocher une bourse. tout est planifié pour toi l'an prochain et p'tet bien les années d'après. ça te fait tout bizarre de penser que tout ça, c'est bientôt fini. l'équipe, les potes. tes frères. vous vous verrez sans aucun doute, mais t'as aucune idée de ce qu'ils feront après, eux. t'as un peu peur de les perdre un par un, parce qu'ils sont importants pour toi, ces cons. alors tu profites d'être encore avec eux, avant que chacun d'entre vous ne prenne sa propre route. eh puis, ça fait une raison de plus de s'bourrer la gueule quand papa est pas là. il rend visite à dee dans le massachussetts, alors t'as la maison pour toi pendant une semaine. ça servait à rien d'y aller, elle rentre avec papa ensuite. mais elle t'a bien fait comprendre par message que t'étais un loser. pour te taquiner. elle réussit, elle, elle fait ce qui lui a toujours plu. et tu te demandes si t'arriverais à aller aussi loin qu'elle un jour, autant dans les études que sur le plan géographique. t'as toutes tes attaches de ce côté du pays.

ce soir, y a une avec toi. silas. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], ta béquille. c'est un gars que t'aimes vraiment beaucoup. tu l'as invité à rester à la maison après la soirée pour passer la journée sur les jeux-vidéos demain et pour pas rester tout seul, surtout. t'as souvent besoin d'attention et d'affection, en vrai. tu sais pas trop dans quel état il est, mais toi t'es bien, là, avec lui. un peu imbibé, mais t'as encore un minimum conscience de ce que tu fais. tu te sens juste plus léger, t'as juste un peu chaud, et tu te goures juste un peu sur tes appuis. mais tu te souviendras de tout, de ce moment où t'as dit "tada!", quand t'as enfin réussi à ouvrir la porte d'entée, de ce moment où t'as dû empêcher kush d'aller lécher la gueule de ton pote, de ce moment où tu t'es pris le coin d'un meuble dans la jambe gauche, t'arrachant un juron et faisant tout vibrer pendant quelques secondes de façon vraiment désagréable. tu profites d'ailleurs du temps qu'il te faut pour que ça se calme pour enlever tes chaussures, puis t'enlèves ton sweatshirt que tu jettes sur le canap, ton jean qui t'étouffe et tu te retrouves alors en marcel boxer chaussettes dans le salon. ton pote sait bien qu'il peut s'mettre tout aussi à l'aise que toi, t'en as rien à foutre s'il se promène en slip dans ta baraque lui aussi. tu te frottes un peu les yeux, vas pisser un coup (t'es du genre à te laver les mains avant et après, même dans cet état), puis tu reviens en passant par la cuisine, un bol et une cuillère en main. tu veux un truc à graille? y a de la glace.

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énième soirée. il sait même plus comment il s'y est rendu. il sait même plus pourquoi il y est allé. il sait juste qu'il a trop bu, silas. c'plus le verre de trop. c'la bouteille de trop à c'niveau là. l'estomac au bord des lèvres par moment. l'estomac au bord des lèvres d'puis un moment surtout. l'alcool qu'il a arrêté d'ingérer. aucun autre verre n'pourrait passer. l'gamin, il s'est appuyé contre un mur pour donner l'air qu'tout allait bien. qu'tout était sous contrôle. donner l'impression d'être simplement appuyé alors que c'est c'putain de mur qui l'tient debout. silas, il souffle. doucement. essaie d'faire en sorte qu'tout arrête d'tourner à c'point. essaie d'reprendre un peu ses esprits. le visage détendu mais aucun sourire qui ne vient étirer ses lèvres. l'regard qui ne se pose sur personne en particulier. y'a du monde devant lui, mais il voit personne. personne de précis. y'a des silhouettes qui passent dans son champ de vision. des pieds qu'il aperçoit. des jambes. y'a même eu cette main qu'est venu claquer l'cul d'une fille et vu l'bruit qui a suivi, elle a pas du apprécier la donzelle. et y'a silas qui s'marre tout seul en imaginant la scène, parce que ouais, il l'a salement loupé. la tête qu'il n'a pas eu l'courage de lever. trop d'effort pour si peu. et les minutes passent. et l'rire s'estompe. personne ne viendra l'faire chier pour ça. personne ne viendra rien lui dire. parce que silas, même complètement défoncé, s'il doit cogner, il cognera. s'il doit tomber par manque d'équilibre, il fera en sorte qu'l'autre tombe avec lui. forcément.
et finalement, y'a l'air frais qui vient fouetter son visage. qui vient presque l'réveiller. ou donner l'illusion d'le faire plutôt. il marche. pas peu assuré. dylas à ses côtés. dylan qui tangue un peu. dylan qui marche presque autant d'travers qu'lui. y'en a pas un pour rattraper l'autre. pas ce soir. clairement pas ce soir. d'ordinaire, dans l'groupe, vous essayez d'en garder un pas trop déchiré, pour éviter les gros débordements. mais ce soir, rien d'tout ça. ce soir, silas, il rentre avec dylan. y'a pas l'entièreté d'la ville à traverser pour rentrer chez ses parents. y'a pas les parents a affronter s'il fait trop d'bruit. non. y'a juste dylan c'soir. et c'est bien mieux comme ça. dylan, c'est juste dylan quoi. gars sur. bon pote. très bon pote. un gars bien. un gars qu'il aime bien. dylan qui galère un peu avec sa clé une fois devant chez lui. silas qui n'attend même pas qu'la porte soit ouverte pour commencer à s'mettre à l'aise. la veste déjà retirée. vêtement qui vole jusqu'au canapé dès qu'il entre dans la maison. avant même d'refermer la porte. juste après avoir échappé au chien. juste après s'être marré en entendant son ami jurer après s'être mangé l'meuble. silas, il s'retourne un court instant. le temps de fermer justement la porte d'entrée. et quand il fait face à dylan, il l'trouve à moitié à poils. pantalon qui a volé. sweet aussi. marcel boxer chaussettes. on fait difficilement plus à l'aise. silas, il suit à moitié l'mouvement. y'a juste les chaussures qu'il abandonne dans un coin en tournant la tête vers l'chien qui l'observait. tu promets d'pas essayer de les bouffer celles-ci ? et y'a un silence qui suit. parce qu'il attend comme une réponse silas. une sorte de réponse au moins. regard planté dans celui de l'animal qui finit par lui tourner le dos pour s'tirer dans son panier. et il prend ça comme un accord, silas. il s'redresse juste quand dylan revient. quand dylan prend parole. oh si, ça fait longtemps. t'as quel goût ? et m'sort pas coco ou un truc du genre. son nez qui s'plisse en même temps qu'il lâche les derniers mots. et silas, il vide les poches d'son jeans. son téléphone qu'il laisse sur la table basse. comme ses clés et les quelques billets qu'il avait emmené. comme ça. au cas où. parce qu'il a confiance silas. qu'il sait qu'dylan, il prendra pas les deux pauvres billets d'dix qu'il a réussit à gratter à ses parents avant d'sortir. main qu'il finit par passer sur son visage. lentement. avant d'planter son regard dans celui d'son ami. elle était un peu pété cette soirée, non ? il pose une question silas. parce qu'il est pas sur d'tous les moments qui défilent dans sa tête. il est pas sur qu'ça se soit vraiment passé ou s'il s'est juste imaginé tout ça pendant un moment d'ennui. il sait juste qu'il a pas pécho ce soir. et ça, c'est un argument majeur pour approuver sa question.