I'll be with you from dusk till dawn (bee)

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

Y’a un trop grand niveau de stresse qui s’écoule dans les veines de Nate en ce moment et vraiment, c’est la dernière chose qu’il souhaite en cette veille de vacances. D’abord, y’eu cette histoire avec aspen, olevia et elias. Une fois décortiquée, cette histoire donne lieu à trois situations au stresse optimal différentes – et puis, comme si c’est pas suffisant, y’a bee qui s’y met, elle aussi. Les examens sont finis, ses résultats frôlent la perfection et pourtant, il a la doucereuse impression que les ennuis ne font que commencer, quand les vagues de chaleur dégagées par cette période de l’année propice au repos ne devraient apporter que de bonnes choses. D’un geste vif, il lance une nouvelle denrée de vêtements sur son lit, reste planté quelques instants, aussi crispé qu’un piquet – comme il sait pas quoi choisir, il finit par tout mettre dans sa valise. Quand il se rend compte qu’il est incapable de la refermer, il passe la tête par l’embrasure de la porte de sa chambre, hèle Marella qui passe par-là. Il la fait s’asseoir sur sa valise, c’est juste l’espace de quelques secondes, mais la petite princesse des St John obtempère – comme toujours. Elle ose lui demander, aborder le sujet tabou depuis quelques jours : tu comptes lui parler ? Parce qu’après tout, dans quelques heures, ils s’envoleront pour l’Europe et l'Indonésie – deux semaines en Italie, Capri, l’île dont la famille ne semble jamais se lasser, deux semaines à Bali. Après, ils se sépareront, les enfants St John vogueront où ils voudront, leurs mères retourneront au pays et faut dire qu’elle a raison, Mare, il se voit mal passer l’été sans Bee, Eli ou Ole. Surtout Bee. Mais ça, personne n’a besoin de le savoir, si ce n’est lui. A l’instant où il hoche la tête par la positive, donne raison à la cadette, son la mélodie de l’Iphone s’élève – c’est comme si elle l’avait ressenti, Aspen, comme si elle savait. Il reste quelques secondes sans bouger, les lèvres pincées. Il décline pas, laisse sonner dans le vide. Dans sa poitrine, son cœur est sur le point d’exploser, avec cette impression d’avoir commis la pire boulette de sa vie, l’impression que d’un instant à l’autre, il se retrouvera au tribunal où siègent les petites amies féroces en tant que magistrates. Tant pis. Il retourne le téléphone, vitre contre le bois de son bureau et quitte la pièce après avoir ébouriffé les cheveux de sa frangine.
La mère de bee le laisse traverser la maison après lui avoir posé quelques questions, réel ou semblant d’intérêt, il sait qu’elle l’a toujours apprécié, qu’elle s’entend à merveille avec ses mères depuis qu’ils sont arrivés dans le coin. Il traverse le jardin, la main en visière pour se protéger les rétines du soleil – il cherche sa chevelure blonde familière et finit par la trouver, allongée sur un transat, non loin de la poolhouse. Son palpitant tambourine dans sa poitrine, il enfouit ses mains dans les poches de son sweet-shirt aux couleurs de l’équipe de foot de la wave private pour masquer leur tremblement. Il a l’impression d’être ce gamin à nouveau, à peine douze ans, le regard incapable de se détacher de sa silhouette, de ses jambes filiformes, de son joli minois. Bee ? Il s’avance d’un pas assuré, parce qu’il veut pas lui montrer l’effet qu’elle peut avoir sur lui, même si elle le connaît par cœur et que lui, c’est elle qu’il a dans le cœur depuis quelques jours. Il finit par lui adresser son plus beau sourire, celui qu'il réserve aux filles qu'il voulait amadouer, avant la période aspen. Prête pour les vacances ?Mare voulait savoir si tu comptais nous rejoindre cet été, alors elle m'a envoyé. Même lui se rend compte que les conneries qu'il débite à la seconde ne sont même pas crédible.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

les jours défilent, se ressemblent, les heures sont longues, mais les minutes trop courtes. beryl, elle sent son crâne implosé des nuits trop courtes bercées par le doute et l'indéchiffrable sensation d'être vide. elle crispe ses lèvres face à sa mère qui râle contre sa mine grisâtre et ses yeux tintés de noirs. elle garde les apparences trompeuses alors qu'en elle c'est une effervescence de questions qui la torture. pourtant elle l'aime cette période de l'année, celle où on se dit aurevoir, pour mieux se retrouver. celle où on planifie, où certains étalent leurs richesses par des invitations parfois indécentes. et bee, elle ne sait finalement pas ce qu'elle va faire de son été, si ce n'est pour l'instant restée cloîtrée dans son semblant de bulle qui lui sert de palais. elle a ses habitudes pourtant, deux semaine entre byrds puis la garde partagée entre ses deux meilleurs amis, kennedy et nate. sauf qu'elle sent comme des plans compromis, comme un cocon qui s'écroule pour une simple connerie. on lui demande, la questionne. elle répond pas, ou vaguement. peut-être qu'elle veillera sur l'océan toutes les vacances, peut-être pas.
lunettes plantées sur le nez, elle se prélasse, prépare par la même occasion sa peau à prendre sa teinte orangée. allongée sur un transat près de la poolhouse, beryl bouquine sans vraiment suivre ce qu'il s'y passe. elle n'entend pas sa mère s'agiter dans la maison, ni même qu'on se rapproche d'elle avec hésitation. y a que le son de sa voix qui la fait sortir de son état de songe, qui fait manquer un battement à son palpitant qui s'accélère. merde. tranquillement, elle se débarrasse de son livre, pour lui faire face, maigre sourire sur les lèvres, se voulant hermétique. salut. c'est timide, pas euphorique, pas comme elle l'aurait fait quelques jours auparavant quand elle se serait ruée sur lui parce que deux heures sans lui parler lui semblait être bien trop effrayant. mais elle ne compte plus en heures désormais, bee. elle voudrait lui demander ce qu'il fait là sans paraître suspecte, mais au fond elle sait. elle le connait. et c'est sûrement parce qu'elle le connait aussi bien qu'elle ne prend pas à son prétexte, qu'elle relève ses lunettes pour les dresser sur sa tête et ainsi mieux le regarder en face. nate ... mare c'est une grande fille, elle peut me demander ce qu'elle veut sans avoir à t'envoyer à sa place. elle se pince les lèvres, jette un regard autour d'elle. pas d'échappatoire, elle ne pourra pas fuir cette fois. et pour te répondre, je sais pas ... je sais pas si c'est une bonne idée. si elle sait. elle sait que s'en est une mauvaise. aspen vient pas avec vous ? c'est plus rhétorique qu'autre chose, et quand bien même la réponse lui en donnera la nausée, elle reste curieuse bee. curieuse et peut-être bien jalouse.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

C’est timide. C’est tendu. C’est pas eux. Il a du mal à s’y faire, depuis plusieurs jours, de pas débarquer n’importe où, n’importe quand, de pas s’incruster auprès de Bee, caprice de son bon vouloir habituel. Il se sert de sa sœur comme excuse – ça change pas tellement de ses habitudes, faut bien qu’elles servent à quelque chose, les gamines St John, après tout. Parce qu’il est pas prêt à assumer que leur proximité lui manque, qu’il a pas envie d’être éloigné d’elle cet été. Jamais. Je sais, je sais… Elle est grande, indépendante, même si Nate voit encore sa petite sœur comme un bébé par moments. Il hausse doucement les épaules, s’avance un peu plus et finit par s’asseoir au bord du transat, ni trop près, ni trop loin, fixe l’eau de la piscine qui ondule légèrement au gré des délicates rafales de vent. Quand elle lui répond, une alarme se déclenche quelque part dans son cerveau, alors il relève la tête et fronce les sourcils. Quoi ? Mais pourquoi ? La réponse coule de source, elle s’insuffle aisément dans son esprit, mais il veut pas l’accepter. C’est un gamin têtu, Nate, parfois capricieux. Il veut Bee auprès de lui cet été, un autre choix n’est pas envisageable. Il plonge son regard dans celui de sa meilleure amie, s’approche d’elle, et dans l’espoir de l’attendrir, il ajoute : tu sais bien que des vacances sans toi, c’est pas vraiment des vacances. Les yeux sont détournés quelques instants, fixent un point invisible au loin. Tu serais capable de te passer de moi cet été, peut-être ? Son regard coule dans la direction de la jeune blonde à qui il adresse un sourire, toujours celui qu’il adresse aux filles pour les faire craquer. Pas sûr que ça prenne avec Bee. Pas sûr du tout, même. Et puis, elle évoque Aspen, Nate se recule automatiquement, s’éloigne légèrement, comme brûlé à vif. Aspen qu’il a laissée de côté, le temps de venir voir Bee, le coup de téléphone auquel il a préféré ne pas répondre, qu’il a dédaigné sans pouvoir se l’expliquer. Si, elle vient. Il marque une pause, hausse les épaules. Elle nous rejoint à Capri, mais quelle importance ? Quel petit hypocrite, Nate peut être, par moment. Il sait pourquoi elle évoque le sujet. Ce que je veux, c’est que toi tu viennes , fait-il remarquer en se redressant. Il décide d’aller s’installer sur le transat voisin, s’y allonge, les pieds en éventails, les yeux tournés vers le ciel d’un bleu limpide. J’veux juste qu’on puisse passer à autre chose. Qu’ils puissent oublier l’événement piscine, ce baiser innocent échangé avant d’être poussés à l’eau. Il veut juste récupérer sa vie d’avant : Bee et Eli pour alliés. Et Aspen comme petite copine satisfaite, confortablement installée sur le trône prodigué par le fils St John.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

ça la fait chier, bee, cette distance qui s'instaure entre eux, ce mal aise auquel elle peine à s'habituer. elle feint la décontraction d'un naturel qui l'étonne. ça lui ressemble pas, elle les reconnaît pas, là. délicatement, elle vient placé ses jambes contre elle quand il s'immisce près d'elle. juste pour lui faire de la place, ou parce que son inconscient lui ordonne d'éviter le contact, peut-être. et pourtant dieu sait combien elle a envie de le prendre dans ses bras, de rire aux éclats et d'envoyer chier toutes ces conneries. bee, elle esquive encore la question des vacances et elle le voit bien que nate, c'est pas du tout la réponse à laquelle il s'attendait. sourcil arqué, elle aurait bien besoin de le secouer un peu pour qu'il redescende sur terre, que ses yeux s'ouvrent et qu'il tienne face à la réalité. c'est qu'une nana c'est compliqué, c'est que ç'a des sentiments, de la réflexion. p'têtre parce que jouer les potiches m'intéresse pas déjà, puis ... tu sais bien. bee, elle sait pas vraiment si elle a sa place encore à capri ou à bali. elle a l'impression que c'est pas à elle de se pavaner auprès des st john maintenant qu'aspen est entrée en jeu. et, même si elle était la première à vouloir éviter cette conversation, elle ne peut nier les faits, partir s'éclater alors que de non dits traînent dans leurs valises. elle lève les yeux au ciel lorsque nate lui fait son numéro. doux sourire aux lèvres, elle se laisse porter par l'amusement de le voir porter le costume de nate st charmeur. le menton posé sur ses genoux, elle laisse son regard se perdre quelques secondes dans le sien avant de le porter ailleurs, les lèvres pincées d'une moue emprunte de réflexion. mmh, t'as raison. tes soeurs me manqueraient trop si je les voyais pas cet été. toi par contre ... et son sourire se fait plus sincère quand elle laisse le naturel revenir au galop, quand elle le taquine parce qu'eux savent qu'elle ne le pourrait pas. que ce serait un supplice de passer ces deux mois sans son complice, sans celui qui forme l'autre moitié de cette paire à laquelle elle tient trop. puis tout redescend. parce qu'elle mentionne celle dont on ne prononce pas le nom sans savoir que les ennuis débarquent à sa suite. parce qu'elle met sur le tapis un sujet sans doute trop sensible pour être discuté avec nate, l'aveuglé. et sa réponse frappe, aussi fort que la foudre. elle vient. c'est pas une surprise. quelle importance ? y a sa mâchoire qui se resserre face à tant d’insouciance ou de déni, qui sait. elle répond pas, bee, elle veut pas entrer dans ce débat sans issus, dire et redire encore et toujours les mêmes choses, défendre les mêmes alors que nate ne jure que pas sa déesse qui se rapproche plus d'un démon. certainement pas à capri alors. elle hausse les épaules, se veut détachée, bee. elle le regarde s'éloigner, s'installer à côté d'elle comme il le ferait chez - parce qu'au fond il est chez lui, dans cette maison. et y a son regard qui se perd quand il amorce qu'il veut passer à autre chose, y a son coeur qui se sert. sérieux ? c'est ce qu'elle veut aussi bee, ou c'est ce qu'elle veut bien croire. passer à autre chose, oublier, remonter le temps, que tout soit comme avant. ou pas. passer à autre chose et retourner dans les bras de ta copine que toi seul sembles trouver parfaite ... des pensées qui s'évaporent entre ses lèvres sans que le processus réflexion ne s'enclenche.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

Les grands yeux d’enfants Nate se détournent une nouvelle fois sur la silhouette parfaite de Bee, légèrement inquisiteurs. Les potiches ? N’importe quoi. Comme si c’était ne serait-ce qu’envisageable qu’elle tienne ce statut. Il a envie de le lui faire remarquer et de sourciller, mais se contente d’arborer une mine impassible – c’est ce qu’il y a de plus facile, en ce moment, ne rien montrer, tout cacher. C’est n’importe quoi, pense-t-il à nouveau, tout en pivotant sur le côté pour pouvoir l’observer elle, plutôt que le ciel. De toute façon, il préfère largement cette vision, celle de sa meilleure amie, plus belle que toutes les filles de son entourage réunies. Merde. Il devrait pas penser ça. Le rouge lui monte soudainement aux joues, comme un gamin pris en flag, prêt à se faire sermonner, avant de se rappeler que personne ne peut lire son esprit, fort heureusement pour lui. Il se redresse à l’aide de son coude et l’écoute attentivement, boit ses paroles comme si elles étaient évangiles avant d’hausser les sourcils. Outch, gémit-il, la main sur le cœur, lorsqu’elle mentionne que ses sœurs ont plus d’importance que lui. Il se laisse tomber à la renverse, roule sur le dos. Touché en plein cœur. Ironiquement, y’a pas plus véridique. Il pivote à nouveau, comme un enfant ne tenant pas en place, afin de pouvoir l’observer à nouveau, laisser son regard s’attarder sur les fins traits de son visage, croiser ses yeux pétillants. Il a l’impression de l’avoir retrouvée, ça ne dure que l’espace de quelques instants, trop peu de temps. La bonne humeur ambiante lui file entre les doigts, il est incapable de la rattraper, c’est un peu comme la fumée qui se dissipe. Mais on va toujours à Capri ensemble, lui fait-il remarquer, la mine boudeuse, l’enfance au bord des lèvres. Il se voit mal annoncer à ses mères que non, elles ne verront pas Bee en Italie, seraient capables de l’envoyer la chercher en Amérique et la ramener en Europe. Elles l’ont toujours aimée plus que toutes les autres filles de l’entourage de Nate, plus que de raison. Un peu comme leur fils. P’t’être qu’elles savent, mais qu’elle préfèrent ne rien dire, ça leur ressemblerait bien, tiens. Nate bouge à nouveau, incapable de tenir en place, vient s’asseoir à nouveau à côté d’elle, n’hésite pas à la bousculer légèrement. Doucement, il vient lui saisir la main, tire légèrement dessus et anéantit en moins de quelques secondes la distance les séparant, les laissant plus proches que de nécessaire. Tu me vois sans toi à Capri ? Impossible de se projeter cette vision, de son côté. La villa qu’ils ont sur l’île est pour ainsi dire devenue celle de Bee, par extension. L’électricité qui se répand autour d’eux le pousse à arborer un petit sourire en coin, à se contredire et ajouter, juste pour voir à nouveau son joli sourire : enfin, c’est surtout à Mare et Maggie, que j’pense, tu vois. Elles vont grave s’ennuyer sans toi. Moi, je… Il marque une pause, lève les yeux au ciel, simule une réflexion d’à peine quelques secondes. Ouais, moi j’pourrais carrément me passer de toi, en fait. Faux, faux, faux. Il fonctionne pas convenablement sans elle, c’est un peu étrange, d’ailleurs, mais c’est comme ça depuis toujours, alors tout le monde s’y est fait. Ca surprend plus personne, quand ils terminent les phrases de l’un et l’autre, ça choque plus que leurs cerveaux soient en parfaite harmonie, si liés. Mais la bonne humeur retombe à nouveau, malgré leurs efforts. Personne n’est parfait, d’accord ? Ca fait quelques temps, déjà, qu’il n’idéalise plus Aspen. Plus vraiment, du moins. Y’a quelque chose qui s’est rompu entre eux. Quelque chose qu’il sait pas comment réparer. Faudrait déjà en avoir envie, faudrait déjà penser à Aspen plutôt qu’à Bee. Tu peux vraiment pas faire un effort, pour une fois ? J’te demande pas de l’aimer, juste de faire semblant de la supporter. Moi j’ai bien fait semblant avec tous les abrutis qui te tournaient autour. C’est pas plus compliqué que ça, essaye et tu verras. Y’a un fond de reproche, l’irritation claironne au fond de sa voix.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

elle a ce rire cristallin qui lui provient du coeur, ce rire qui embaume l'atmosphère. et ses paupières qui se plissent alors qu'elle camoufle son visage par ses jambes recroquevillées. nate, il a toujours su la faire rire, lui apporter la fraîcheur de son sourire. et nate, ça lui fait tellement du bien de le retrouver, là, comme ça, près de la piscine, sans aucune trace de ce qu'il a bien pu se passer, pour là, juste là, à quelques mètres d'eux. et elle sourit trop, beryl, sans doute trop pour quelqu'un d'honnête. honnête avec nate, honnête avec elle même. c'est quand elle l'observe, allongée là, à faire le pitre, qu'elle se souvient de tous ces moments partagés, de tous ces souvenirs où planent une joie qu'elle ne voudrait perdre pour rien au monde. mais y a ce nuage noir qui menace l'horizon, qui plane au dessus de leur tête et qui menace d'éclater. il plombe l'ambiance, refroidit l'atmosphère d'une brume légère qui l'étouffe. cette brume dans laquelle il se faufile, nate, pour se retrouver tout près d'elle, trop près d'elle. bee, elle a son regard qui se perd entre sa main dans la sienne et ses yeux enjoleurs, cette moue qui la chavire. elle ouvre la bouche, cherche ses mots. elle est perdue bee, quand il la regarde comme ça, comme ce gamin qu'elle a accueillie, recueillie y a dix ans de ça. et c'est qu'il a raison, nate. c'est qu'elle n'imagine pas ses vacances ailleurs qu'à capri, avec lui, avec les filles, avec leurs mères. qu'elle a tant de souvenirs heureux, là bas avec eux, qu'elle ne peut pas laisser ça derrière elle pour une simple histoire de jalousie. les yeux de bee dévisage les traits de nate, les décortiquent, laissant son coeur parler, s'emballer. mais elle redescend bien vite sur terre quand il saisit à son tour l'occasion de faire le fier, de prendre le dessus dans cette minable guerre de celui qui saura se passer de l'autre. alors, elle lui donne un coup de coude, boudeur, râleur. c'est clairement pour leur rendre service en fait que tu m'invites tous les ans. pas pour toi non, t'es trop attentionné pour penser à toi avant les autres. sourire, puis fracas. et t'as pensé aux autres dernièrement ? bee, elle sait qu'elle ne pourrait pas se passer d'eux, de penser à eux. marella, maggie, nate ou l'ancien nate. celui qu'elle connait, pas celui qu'elle découvre, pieds et poings liés, le coeur empoisonné. et c'est à ce nate qu'elle se sent connectée d'une manière ou d'une autre, aussi parfaitement que perturbent. et il le démontre, encore, que son cerveau est retourné, complètement automatisé à défendre les enfers. elle lève les yeux au ciel, lasse. et certains moins que d'autres ... elle sait de quoi elle parle, beryl, elle le sait parce qu'elle l'a expérimenté. elle ne parle pas à la légère, il le sait bon dieu qu'elle est la dernière à juger les autres. qu'elle cracherait pas sur aspen si elle n'était pas certaine de ce dont elle pouvait être capable. mais peut-être qu'il ne sait pas finalement. parce que bee elle s'est bien gardée de lui en parler, de cette amitié naissante brisée en un coup de langue, de ces confessions qu'elle regrette et de sa fierté piétinée à coups de louboutin. et elle hallucine, bee, des mots qu'il lui déblatte. pardon ? elle a un mouvement de recule face à son animosité naissante, à sa mauvaise foi. des efforts j'en fais tous les jours quand je te vois la suivre avec ta laisse autour du coup, comme un pauvre chien, la queue entre les jambes, d'accord ? elle mâche pas ses mots, y a pas de filtre, parce qu'elle supporte plus tout ça, parce qu'elle arrive pas à le regarder droit dans les yeux quand il sort ce genre de conneries, nate. et je t'ai rien demandé moi, je t'ai jamais prié de les aimer ces abrutis comme tu dis. et tu les aurais p'têtre plus apprécié si t'avais pas déclaré que bee c'est chasse gardée, on y touche pas. p'têtre que j'me serais fait un de tes abrutis de potes et là, p'têtre que t'aurais pas eut besoin de faire semblant. elle est à bout de souffle bee, elle pense même pas ce qu'elle dit finalement. les bras croisés contre sa poitrine, la tête qui oscille, lèvres pincées et soupire. elle ne le regarde même plus tellement ses joues sont rosies par la rancoeur.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

Elle a un beau rire, un rire qui sonne vrai et inconsciemment, ça lui réchauffe un peu le cœur, le rassure de la voir se cacher derrière ses jambes recroquevillées, comme pour se protéger. Il a l’impression de l’avoir récupérée, que les derniers jours écoulés appartiennent définitivement au passé. Les yeux plongés dans ceux de sa meilleure amie, avec cette proximité qui frôle l’indécence, il sourit, c’est plus fort que lui. Ouais, c’est pas pour rien qu’on me prénomme Nate St Altruiste, après tout, qu’il ajoute avec un petit geste des épaules qui vient appuyer la nonchalance qui l’anime jusqu’au moment où elle fait part de ses pensées concernant Aspen et l’imperfection dont ses fréquentations semblent l’affubler ces derniers temps. Son cœur, sur une montagne russe depuis son arrivée chez les Byrds, effectue un double looping imprévu pour le laisser déstabilisé, en proie à la contrariété. Il lui demande pas grand-chose, n’a jamais souhaité qu’elles deviennent les meilleurs amies du monde – parce que sinon, la situation serait encore plus étrange qu’elle ne l’est déjà à l’heure actuelle. Il veut juste qu’elles soient capables de cohabiter sans se sauter à la gorge durant quelques semaines. Juste l’espace d’un séjour en Europe, qu’il puisse les avoir toutes les deux, le plus égoïstement du monde. On devrait lui décerner un titre et une couronne à cet instant précis. Après empereur des connards, le voilà devenu roi. Leur proximité s’envole, il fronce les sourcils, surpris. Elle se recule, il se rapproche d’un bond délicat. Quoi ? Qu’est-ce que j’ai dit ? Il plisse les yeux, secoue la tête, attend que la sentence finisse par tomber. Outch. Touché en plein cœur – pour du vrai, cette fois-ci. C’est vraiment ce que tu penses ? Il s’en fiche, d’habitude, qu’on le confonde avec le labrador d’Aspen, qu’on moque l’idée qu’elle n’ait besoin que de siffler pour le voir accourir, un bouquet de fleurs à la main. Oui, il s’en fiche terriblement. Mais là, ça provient de Beryl et ça a l’effet d’une claque. Pour peu, il pourrait ressentir l’effet de picotements sur sa joue. Alors, il se lève d’un bon, brûlé à vif, dans son cœur, ou dans son ego, il en sait trop rien. J’ai jamais déclaré que… Ah, si. Si, peut-être un peu, effectivement. Enfin, pas vraiment. Chasse gardée, c’est pas les bons termes, qu’il a envie de lui faire remarquer, de lui hurler à pleins poumons. Tout c’qu’il a fait, c’est empêcher les connards du lycée de lui tourner au tour, parce qu’ils ont beau être ses meilleurs amis, il sait comment les filles sont considérées, comment elles sont cataloguées, répertoriées dans ce fameux livre. Il a jamais voulu de ça pour elle, comme il n’a jamais voulu de ça pour ses sœurs. C’est la même chose, pas vrai ? Les traits de son visage se décomposent au gré des mots qui s’échappent de ses lèvres, et sent le colère monter d’un octave au fil des syllabes. C’est vraiment c’que tu veux ? Être un nom de plus sur la liste du groupe ? Les p’s dans toute leur terrifique, tragique, pathétique splendeur.  Il la regarde dans le blanc des yeux, Nate l’implacable refait surface, celui avant l’ère aspeniene, celui qu’on peut pas mater, pas supporter, non plus. Tu veux que j’t’arranges un rendez-vous, peut-être ? Attends, laisse-moi réfléchir… Plus il est con mieux c’est, c’est ça ? J’crois que j’dois pouvoir te caser entre deux baises avec Pluton, j’ai entendu dire qu’il avait un truc pour les blondes. Pause, il reprend son souffle. T’as vraiment tout gâché avec ce baiser, finit-il par cracher, la dévisageant de la tête aux pieds. Jamais ils n’auraient eu ce genre de dispute avant, jamais il n’aurait élevé la voix sur elle. Pourquoi t’as fait ça ? Tu voulais faire chier Aspen ? Tu la déteste à ce point ?

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

elle sait pas comment tout s'est effondré aussi vite, comment tout s'est envolé en éclat. bombe atomique. c'était pas comme ça entre eux, avant, avant quoi au juste ? avant aspen, avant ce baiser. avant tout finalement. ou peut-être que ça a toujours été un mensonge et qu'elle est là la vérité. elle sait pas, elle sait plus bee. quoi faire, quoi croire, quoi penser. merde. ont ils toujours été aussi cons, égoïstes ? et nate, il comprend rien, vraiment rien. il ne prend pas conscience de ce qu'il demande, l'esprit rongé par ce dévouement sans faille, le coeur prisonnier de ses griffes. bee, elle n'a jamais trop rien dit, c'est contenté de petites remarques mal placées pour faire parvenir son désaccord à demi-mots. et c'est sans doute pour cette raison que ça le pique autant à vif qu'elle s'exprime - enfin - sur ce qu'elle en pense de toute cette mascarade. parce que c'est ce que c'est, une comédie de mauvais goût. p'têtre bien, oui. elle hausse les épaules. qu'est-ce que ça peut bien faire ce qu'elle en pense, après tout y a rien qui percute dans son crâne quand tout le monde lui balance que sa meuf c'est une salope de comédienne. pas même ses potes. elias, olevia. pas même elle. mais c'est peut-être que t'aimes ça, passer pour un pigeon. c'en est tellement méchant, qu'elle ne se reconnaît plus, bee. jamais elle n'aurait eut ce genre de discours, surtout pas envers nate. mais quelque chose en elle lui crie de vomir sa haine, là, tant qu'elle le peut. quand bien même ça fait mal, ça lui fait du bien. et voilà qu'il détourne ses mots, voilà qu'il mentionne cette foutue liste qu'elle a en horreur. cette liste mesquine sur laquelle elle pisserait bien un jour de règle. parce qu'ils ont aucune pudeur et qu'ils n'ont aucune idée de ce qu'est être une femme à cet âge. qu'ils ne pensent pas à l'impact de leurs mots, à ce que elles, elles pourraient ressentir. et c'est vrai qu'elle devrait le remercier pour ça, pour sa protection dont elle aimerait ne pas avoir besoin. elle devrait le remercier pour ne pas avoir à subir l'humiliation d'avoir son cul marqué sur cette liste, au milieu d'autres culs qui n'ont jamais demandé à être classés. non, bon dieu non ! ça y est elle crie, bee. elle se lève d'un bond et elle s'en fiche de voir le visage de sa mère se coller à la fenêtre comme ces vieilles commères qui polluent le quartier. elle s'en fiche parce que rien ne va, rien ne va plus. pour rien au monde je voudrais me trouver inscrite sur cette liste, par toi ou par n'importe qui d'autre. ce qu'elle la hait cette liste source de problème. bee, elle se mord l'intérieur de la joue rien qu'à l'idée que ce soit elle qui les ait séparé en premier lieu. parce qu'elle a jamais voulu être un nom de plus et que c'est cette hantise qui a pris le dessus la nuit où il a tout commencé, avec ses yeux scintillants et ses mots doux. mais il est loin ce nate qui lui tient la main près de la piscine et qui lui dit qu'il l'aime sans doute un peu trop. elle ne le voit nul part dans ce regard rouge de jais et ces paroles dures qu'elle encaisse avec peine. ces conneries qu'elle aimerait lui faire bouffer tellement elle les trouve encensées. au moins lui il a le mérite de s'envoyer en l'air et c'est pas le cas de tout le monde. bee. merde, bee. défendre pluton, elle a vraiment toucher le fond. et quand elle pense que la bataille se termine, il l'achève du poids de la culpabilité. celui qu'elle porte suffisamment depuis des jours. son regard se déporte alors que sa mâchoire tremble. elle se mord les lèvres pour empêcher l'eau lui monter aux yeux. crois le si tu veux, si ça peut te faire plaisir. parce que ton monde tourne autour d'elle. aspen. apsen. apsen. mais t'as pas encore compris qu'on en a rien à foutre de ta copine en carton ? qu'elle n'en a rien à foutre de toi non plus et que ça en devient pathétique ? il est pathétique nate, dans sa relation de dominante-dominé. et elle l'est un peu aussi, bee, à défendre sa place dans ce coeur qui résonne qu'au timbre prétentieux d'aspen. et viens pas rejeter la faute sur moi alors que c'est toi qui a fait le premier pas vers moi. c'est toi qui a gâché notre amitié avec des mots mielleux auxquels j'ai bien voulu croire jusqu'à ce que tu accours vers la première gourde qui veuille bien de toi. la voix qui craque.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

Leur échange est trop violent, emprunt de mots qu’aucun ne devrait prononcer et pourtant, ils semblent entamer un petit défi, c’est à celui qui fera le plus de mal à l’autre, plus vite, plus fort, un petit effort, Nate, tu l’as pas encore fait pleurer. Tu l’as pas encore assez blessée, t’es pas encore redevenu ce petit enfoiré. Pas suffisamment. Il peut faire mieux, s’il veut. Là, tout de suite. Il peut la briser en deux, il lui faudrait pas plus d’une phrase, parce qu’il la connaît par cœur, saurait où appuyer pour la faire tomber. Elle a commencé, de son côté, joute oratoire qu’ils sont incapables d’arrêter. Mais t’as toujours pas compris ? Elle est encore trop douce dans ses termes, qu’il chasse d’un geste de la main, tandis qu’un rire moqueur s’échappe de ses lèvres, pincées jusqu’à peu. Le problème, c’est que j’en ai rien à faire, de ton avis, qu’il rétorque en s’approchant d’elle quand elle se lève à son tour, la dépassant d’une tête, au moins, la surplombant, prêt à n’en faire qu’une bouchée. T’as toujours eu le jugement facile, quand il était question d’Aspen, j’ai appris à même plus t’écouter. Il plante son regard dans le sien, attend de la voir ciller, vaciller. Lui s’interdit de flancher, même comparé aux animaux peu élogieux, symboles de son dévouement à un tyran qu’il suit aveuglément. Trop doux, trop bon, naïf à outrance, parfois et surtout trop épris de l’idée-même de l’amour. Pathétique. Bee hausse finalement le ton, quitte à attirer l’attention à l’intérieur de la demeure des Byrds – il a pas envie d’attirer l’attention, n’a pas envie pour qu’on le prenne pour le petit con de la situation, quand bien même il sait que c’est ce qu’il est. Mais moi jamais je t’aurais inscrite sur cette liste, qu’il hurle à son tour, les joues enflammées, les poumons brûlants du manque d’air. Bordel, elle comprend vraiment rien. Il se retourne, donne un coup de pied dans le transat, s’éloigne avant de péter les plombs pour de bon. Il en a marre, de toute cette histoire. Donc, tu m’as toujours pris soit pour, petit un : un gros enfoiré qui irait inscrire ton nom sur une liste ou, petit deux, un abruti de première ? Il s’est retourné dans sa direction, mais garde ses distances, persuadé que ces derniers temps, la proximité ne les réussit pas, ne fait que les éloignes un peu plus. Super, j’vois que ta confiance en moi est vraiment en béton. Alors ça a toujours été ça, le fond du problème ? La liste, la peur de s’y retrouver, elle aussi ? S’il était pas si en colère, il pourrait la comprendre. S’il s’entêtait pas à vouloir lui faire autant de mal que lui en ressent ces derniers temps, il pourrait lui faire comprendre plus explicitement encore qu’il tient bien trop à elle pour apposer son nom sur un vulgaire bout de papier dégoulinant de sexisme. La ferme. Il a envie de l’envoyer se faire voir. Bien entendu, qu’il est frustré. Parce qu’Aspen refuse de s’offrir à lui, mais qu’avec Pluton, là y’a pas de problème. Y’a jamais de problème, avec Pluton, roi des cons, ça semble les attires, elles tombent dans ses filets les unes après les autres. P’t’être que Bee a envie d’y goûter, elle aussi. C’est bon, j’me tire, qu’il finit par lâcher, quand elle lui fait remarquer combien il est pathétique, combien toute cette histoire est absurde. Il la bouscule légèrement au passage, un léger coup d’épaule maîtrisé, par trop fort parce que s’il a envie de la blesser émotionnellement, jamais il ne le ferait physiquement. Il contourne la piscine en marmonnant, jusqu’à-ce qu’elle porte le dernier coup. Il se fige, pivote légèrement, sourcils froncé. Moi, j’ai gâché notre amitié par mots auxquels t’as bien voulu croire ? Il a l’air surpris, le doigt pointé sur sa poitrine, les questions dans les yeux. Il comprend plus rien. Mais tu m’as envoyé bouler, quand je t’ai dit que je t’aimais ! Il s’époumone à nouveau, l’esprit fou, quand sa voix à elle craque au pied de la piscine. C’est le sujet tabou, enfoui sous terre depuis bien trop longtemps. Je t’ai dit que je t’aimais. T’as jamais daigné répondre. J’devais faire quoi ? T’attendre indéfiniment ? Le temps que tu décides si j’en valais la peine ou non ? Il aurait pu. Aurait peut-être dû.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

une claque. magistrale. elle aurait du s'en douter, beryl, pourtant, qu'elle gagnerait pas à ce petit jeu. parce qu'elle est trop douce, bee, qu'elle sait pas faire dans la cruauté quand bien même la colère a pris possession de son corps. corps qui reste figé face à un nate qui ne lui procure qu'une aversion amère. bee, elle a enclenché un système qu'elle ne contrôle pas. elle a fait sortir de sa cage la bête face à laquelle elle souhaitait ne jamais avoir à se trouver. et elle aurait dû, ne jamais se trouver face à elle. nate, il va trop loin, jamais il ne lui aurait parlé comme ça. et ça la brise de rétorquer tout autant que de mettre sa fierté de côté. elle est mise à mal, coincée entre l'ouvrir ou la fermer puisqu'elle sait que de toutes les façons possible, ça ne se terminera pas bien pour elle. il aura le dessus, qu'elle le veuille ou non. elle ne saura pas lui faire mal comme lui s'évertue à le faire. lui qui s'est laissé dicter une conduire pendant des semaines, récupère son pouvoir qu'il déverse sur l'agneau qu'elle est. bien sûr y a que ta petite personne qui t'intéresse. t'es venu là pour quoi ? pour me demander d'me rabaisser à me pavaner aux côtés de ta copines pendant deux semaines pour quoi au juste ? pour que t'ais tes deux petites putes avec toi. belle leçon d'égoïsme. elle sait pas faire bee, elle ne sait tellement pas faire qu'elle en vient à s'insulter elle-même. mais putain, t'as raté un épisode je crois. celui où ta meuf joue les cupidons pour mieux te couper l'herbe sous le pied. soupire, désespoir. elle lève les mains au ciel et les laisse retomber, fatiguée de cette histoire. ça sert à rien qu'elle parle, il ne l'écoute plus. son coeur sursaute quand sa voix se fait plus forte encore, quand il se fait plus sévère. et c'est elle qui se sent abrutie finalement. elle qui se culpabilise alors qu'il hurle à s'époumoner. elle encaisse, mais sans la carapace se fissurer tandis qu'ils continuent à se donner en spectacle, là, dans son jardin. elle ne reconnaît pas cette personne houleuse face à elle, prête à casser ce qui se trouve sur son chemin. elle sait même pas quoi lui répondre tellement elle se sent conne, minable. il a ébranlé sa confiance, l'a écorché comme elle l'a si bien fait de sa confiance. parce qu'elle aurait du le savoir qu'il ne ferait jamais ça, qu'il ne l'inscrirait pour rien au monde sur cette foutue liste. et elle se sent défaillir, bee, elle sent qu'un rien peu la faire flancher et elle ne veut pas de ça, pas de cette faiblesse. elle ne veut pas nourrir sa fierté en éclatant en sanglot. alors elle riposte, maigrement, mais elle essaye et ça lui coûte. tu t'es regardé un peu ? c'est p'têtre parce que t'es un peu des deux. un abruti d'enfoiré. ouais c'est bien ça. et tu me le montres bien là, que c'est rien que c'que t'es. un enfoiré. un putain de bel enfoiré. tu vaux pas mieux que t'es petits copains. qu'ils me baisent j'en ai rien à foutre, ça m'fera pas plus mal que de me rendre contre à quel point tu m'dégoûtes! et elle le touchera pas plus qu'en valorisant les exploits de pluton, qu'en appuyant sur sa frustration d'une abstinence forcée. c'est que ça doit faire mal à sonégo de savoir que sa copine se tape la terre entière, sauf lui. c'est ça barres-toi ! ses yeux se ferme au moment de la collision, physique, mentale. regardes toi, t'as même pas les couilles de finir cette conversation. pitoyable. et y a que là qu'elle se permet de craquer, bee. parce qu'elle croit que c'est finit, qu'il va se barrer et qu'elle pourra panser ses plaies dans la solitude avec pour seule compagnie cette plaie béante qu'il laisse sur son passage. parce qu'elle balance ce qu'elle pense être les derniers mots d'une conversation qui n'aurait jamais dû avoir lieu. elle sèche les larmes qui tâchent ses joues, larmes nerveuses ou tristes, elle ne sait même plus. elle les balaie d'un revers de la main, dans la hâte, prise en flag. c'est qu'elle voulait pas, qu'il se retourne, qu'il la voit. il avait qu'à se tirer, rester l'enfoiré. ça aurait été plus facile que d'avoir à endosser le rôle de la salope indécise. je sais pas, je sais pas. son palpitant s'emballe, il tambourine si fort qu'elle n'entend plus qu'un bourdonnement sourd. la vue troublée, la voix écaillée. elle veut juste que ça s'arrête. elle veut juste retourner à ce moment où il n'y avait qu'elle sur ce transat. arrêtes, nate. s'il te plait arrêtes. vaincue, elle ne supporte plus son doigt inquisiteur qui s'écrase contre sa poitrine, laissant mille aiguilles sur son passage. tu sais que c'est pas ça. que ça a rien à voir avec le fait que t'en vailles la peine ou non. c'est juste ... dans un soupire, elle se rend compte qu'il n'y a plus de raisons valables. et c'est un sourire nerveux qui creuse ses lèvres, alors qu'elle pose sa main délicate sur sa poitrine. ... trop tard. parce que cette dispute. parce que aspen.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

Il aurait jamais dû se pointer chez les Byrds, jamais dû s’avancer dans le jardin et adresser la parole à Bee. Il aurait sans doute dû partir en vacances, tout oublier, laisser l’histoire se tasser durant l’été. Quelques semaines pour tourner la page, passer à autre chose.  Pour éviter de s’hurler des inepties au visage, de se blesser mutuellement, les mots plus tranchants qu’une quelconque arme. Nate préfère la laisser s’égosiller avec pour seule compagnie le vent hurlant dans ses oreilles avec elle, joli concerto auquel il se soustrait en contournant la piscine, prêt à traverser la villa plus vite qu’il ne l’a jamais fait ces dix dernières années et rentrer se calfeutrer dans sa chambre. Y’a quelque chose, pourtant, qui pique sa curiosité à vif, qui le pousse à s’arrêter et se figer. Il se retourne pas tout de suite, incapable de se décider – il se tire ici ou il agit en adulte et règle le problème qui creuse sournoisement un fossé entre eux deux. Il finit par opter pour la seconde solution. Mais qu’est-ce que tu racontes ? Ouais, il doit grave avoir loupé un épisode, p’t’être même une saison entière, parce qu’associer Aspen à Cupidon, c’est une métaphore qu’il est incapable de saisir, qui lui passe au-dessus de la tête. Il sait pas trop si c’est parce que c’est un mec, que la drama, il la voit toujours venir que trop tard pour réagir. Il sait pas c’qui a bien pu lui échapper, mais il veut savoir, maintenant. Ouais, il veut savoir, et sent la culpabilité se mêler étroitement à la curiosité au passage, lui sauter à la gorge quand il aperçoit les larmes rougir ses beaux yeux, couler le long de ses joues. Il a gagné la partie. C’est ce qu’il voulait, après tout, cette impatience de revenir le Nate d’antan dévorant chaque fibre de son être, il y a encore quelques minutes. Pourtant, il est loin d’en être aussi ravi qu’il l’aurait souhaité, comprend très bien pourquoi, ne l’admettra pas. Il est plus qu’à quelques pas d’elle, quand elle s’effondre pour de bon, et il la regarde de sa haute tour d’insensibilité, le menton relevé, les sentiments masqué. Il est hors de question qu’il craque, qu’il lui montre qu’elle peut l’avoir blessé à un moment ou un autre, maintenant ou hier, dévoré entier par les souvenirs du passé. Par son incapacité à lui répondre, lorsqu’il s’est ouvert à elle, il y a bien longtemps à présent. Ouais, se contente-t-il de répondre, la distance évaporée, le besoin constant d’être à ses côtés, à quelques pas. Il a ce petit geste de la tête, frénétique hochement, les lèvres pincées. C’était trop tard aussi, la dernière fois ? Y’a plus de colère dans sa voix, elle s’est évanouie quelque part, entre sa victoire sur Bee et ses larmes. Tu pourrais au moins être honnête avec moi, lui fait-il remarquer d’une petite voix, l’index sur son torse une nouvelle fois, ses yeux ancrés dans ceux de sa meilleure amie. Juste une fois. Parce que ça lui est resté en travers de la gorge la dernière fois, ses sentiments avoués qu’elle s’est contentée de nier, comme s’ils n’avaient jamais existés. Il lui demande pas la lune, juste ce que lui est incapable de faire ces derniers temps : être sincère.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

elle se rend compte qu'un rien peut tout faire voler en éclat. bee, elle a bien du mal à comprendre comment une simple phrase a put les mener à une confrontation pareille. à cette joute verbale qui n'a pour unique but un anéantissement émotionnel de l'autre. elle sent la contradiction dans son corps alors qu'elle se sent à la fois coquille vide et brûlante de rage. beryl, elle souhaite qu'il se tire, qu'il sorte de son champ de vision pour qu'enfin tout cela cesse et pourtant elle continue à s'accrocher, à l'accrocher par ses remarques furtives pour qu'il revienne. et quand elle croit naïvement que c'est elle qui a ce pouvoir elle est chavire vite. non, il n'y a que le sujet aspen qui est capable de suffisamment piquer la curiosité de nate et lui faire faire demi-tour. les yeux tournés vers le ciel, elle renonce à se battre. beryl ne veut pas cette solution pourtant aisée, celle de dénoncer les frasques de l'une pour récupérer l'autre. rien. laisses tomber. qu'est-ce que ça peut bien lui faire, maintenant ce qu'elle a à dire ? lui qui, quelques minutes plutôt hurlait combien son avis lui importe peu. ça changera rien. y a que sa version des faits qui compte. ses yeux se redressent vers le ciel comme une gamine insolente, droits vers les cieux où peut-être on les observe, désespéré. ses prunelles prennent ensuite une teinte rougeâtre, signe de cette force qu'elle décuple pour conserver la fierté qu'il lui reste. ne pas flancher, ne pas lui donner la satisfaction de ses larmes. mais c'est une défaite prodigieuse à laquelle elle fait face, amère. ridicule face à l'air supérieur de nate, insensible. et elle la déteste cette faiblesse qui l'accable, cette impression de n'être qu'un être fragile, qu'une pauvre fille. après la tempête, le calme semble être revenu. l'air paraît plus respirable quand enfin il délaisse son ton ravageur. peut être bien. qu'elle se contente de répondre alors que d'un haussement d'épaules elle tente d'évincer la question. oui, non. peut être. bee, elle n'est pas du genre à s'immiscer dans un couple, quand bien même celui-ci est bancal. alors au fond, c'était sans doute trop tard au moment où nate s'est mis avec aspen. moment où elle a sentit qu'il lui échappait, où elle l'a perdu. a perdu, tout court. écoutes je suis désolée, d'accord ? je voulais pas que ça foute la merde entre nous. - au contraire - mais je pense que tu devrais partir maintenant ... rejoindre aspen. ou rester ? son regard tendre, suppliant. pars que je garde encore la face.