gimme money. (mac)

parma park. 18h. tu dois être folle de te pointer de ce côté de la ville, seule, pour donner un sac rempli de billets de banque à un mec qui te fait du chantage. non, tu n'es certainement pas nette, y'a quelque chose qui doit clocher chez toi. T'aurais peut-être dû faire un virement sur paypal, comme le mec t'avait demandé au début. tu aurais été tranquille. Le truc, c'est que tu n'aurais pas su qui il est. et t'as besoin de savoir, t'as besoin de mettre un visage, un nom, sur celui qui a osé te faire ça. prendre des photos de toi quasiment à poils alors que t'étais complètement bourrée, et filmer votre ébat. quel monstre pourrait faire ça sérieux ? t'as garé ton range rover noir devant l'entrée du parc, t'as pris le sac hugo boss - que t'as piqué à ton beau-père - contenant les billets de banque. 500 putain de dollars. c'est pas rien, tes parents vont forcément te poser des questions. tu leur diras que c'était pour des chaussures gucci et puis voilà. tu vas te faire engueuler, mais t'as pas trop le choix. t'as pas vraiment envie qu'une sextape se retrouve sur internet quoi. déjà que les photos ont fait beaucoup de mal. Tu descends de  voiture et tu te postes juste à l'entrée. il fait frais, t'aurais peut-être dû mettre quelque chose sur le dos. quelque chose d'autre que ton débardeur crop top et un short en jeans. le gars à intérêt à être à l'heure. il a dit qu'il le serait. tu ne penses pas qu"il te posera un lapin, il a l'air de tenir à son argent. par contre t'as peur qu'il ne se pointe pas seule. t'es courageuse, mais tu flippes un peu. déjà que tu ne ferais pas long feu s'il décide de s'en prendre à toi, mais si en plus ils sont plusieurs... t'aurais peut-être dû prévenir quelqu'un. forest, nate, voir même toby ou pluton. quelqu'un. mais t'as préféré jouer ta tête brûlée, et tu n'as plus d'autre choix que d'assumer parce que t'entends quelqu'un arriver. un gars, à peu près ton âge. ça doit être lui. échange de regards. « c'est bien, t'as au moins le mérite d'être ponctuel. » t'as envie de l'insulter, mais tu te retiens, parce que c'est pas le moment de l'énerver. t'es pas en position de force et ça t'agace. tu le regarde, t'as l'impression de le connaître. il n'est pas de wave private, ça c'est sûr, il doit donc venir du lycée public. tu l'as déjà vu quelque part avant la soirée, mais où ? réfléchis ken. réfléchis. « j'ai ton fric, mais j'veux d'abord te poser quelques questions. » ouais, t'espères qu'il ne pensait pas pouvoir récupérer l'argent et se barrer sans rien dire.

Terribles conséquences.
C’est ce qu’il se répète depuis quelques semaines, depuis cette fameuse soirée organisée par un membre des penetrators et les événements qui y ont pris place.
L’idée harasse chaque nerf et terrasse la majeur partie de son engouement.
Plus rien ne semble le motiver davantage que la perspective d’avoir à récolter les dollars restants, permettant de compléter la somme nécessaire à son prochain stage de football – qui aura lieu quelque part dans le midwest et qui coûte déjà beaucoup trop à sa famille, obligée de supporter des techniques ancestrales pour pouvoir se doucher avec de l’eau chaude. #FML
Qu’on se le dise, au début, c’était une vaste blague – censée spoiler la guerre territoriale et asseoir l’hégémonie des Yakuzas sur les penetrators (sans majuscule, à quoi bon lustrer des ego profondément viciés de toute façon?) ; de la rigolade, basée principalement sur la réfutation de cette fierté qui exhale par tous leurs pores et les ammène – trop souvent- à s’envoyer sur les roses.
Macgregor n’a jamais été un connard fini, c’est ce que vous diront toutes ses conquêtes, tous ses potes, tous ceux qui ont appris à côtoyer les différentes facettes de sa personnalité, ceux qui savent qu’il n’est pas bidimensionnel, bien plus qu’un uniforme de joueur de football, bien plus qu’un « punk » des Yakuzas: celui qui rêve de poursuivre des études d’agronomie.
Mais, sachez que la vie ne lui a pas fait de fleur et qu’il se pourrait qu’il récolte ce qu’il a si promptement semé, à fricoter avec les déclassés de tout genre. #DASHIT
C’était une nana plutôt pas trop mal fichue ; une silhouette gracile, des yeux licencieux, des lèvres pleines , toute une attitude qui l’a attiré, un pied à peine foutu dans cette maudite baraque et déjà il était harponné par le magnétisme de la blondinette, par les promesses charriées dans sa direction, pris dans un étau particulier.
C’était foutu d’avance, les statistiques étaient contre lui.
Quelques verres bus, l’ivresse accompagnée de désinhibition, quelques pelles échangées, quelques râles étouffés. C’était le schéma habituel, des accolades ne planquant aucun engagement ; du sexe rapide, facile, brouillon. Sauf que, Macgregor n’était pas si imbibé, pas plus que la jeune femme et surtout, il répondait encore à de vieilles valeurs (celles qu’on dit has been, complètement surannées, qui présentent tellement mal sur un CV de prétendu bad boy). Dans toute histoire, il y a toujours un « mais » qui se glisse et met en perspective le point phare d’une narration.
Ce qu’il faut retenir, c’est que ça s’est fini bizarrement. Pour ne pas dire mal, pour ne pas dire en un véritable massacre. (…) Ce qu’il sait de Kennedy Jones, c’est que c’est la frangine d’Adonis King, chef autoproclamé de la faction rivale ; ce simple fait est surement à l’origine de tout cet imbroglio.
Ce qu’il sait, également, c’est que sa tenue d’alcool n’est clairement pas à la hauteur de sa descente et , qu’elle a une graine de beauté minuscule au niveau de l’aine (en forme de petit coeur). Seize ans, qu’elle lui a dit et ça ne l’a pas gêné, même si sur l’instant, le visage  de sa petite sœur s’était superposé sur celui de la blonde, comme un stimulus cérébral balancé pour dissuader le ‘prédateur’ d’attaquer sa proie en commençant par les tripes.
Parma Park, 6pm sharp.
Mains enfoncées dans son black hoodie (capuche relevée sur son crâne) il se dirige d’un pas calme dans la direction de la silhouette qui se découpe progressivement en ombre à mesure que le soleil entame son déclin derrière la ligne d’horizon. Pas son choix, ce parc, d’ailleurs, il a été surpris qu’elle lui propose un endroit loin d’être à la hauteur de son standing habituel. 500$, une somme ridicule pour une sex tape – il aurait pu réclamer plus, jouer sur le long terme. Mac ne s’encombre plus de « et si », il a tôt appris à se contenter de ce que le quotidien veut bien lui offrir, en jour de chance.
« Tu ferais bien de changer de ton, Barbie. Je te rappelle que  je suis celui des deux qui détient la sex tape » - ton sec, regard franc ; menacer une fille ? Check. « Tu as des questions ? Ah oui ? Et qu’est-ce qui te fait penser que j’ai le temps d’y répondre ? » sourcil arqué, sourire en coin.
Culottée. Il secoue la tête et hausse les épaules ; de toute façon, il n’a pris aucun engagement et il doit bien avouer que la curiosité le dispute à l’envie de se tirer de ce coin, avec ses thunes, le plus rapidement possible (des fois qu’elle veuille gagner du temps).

fallen princess. parfaite gamine. gentille - sauf avec ton beau-père -, à l'écoute de tes camarades, loyale. gamine populaire à qui on ne peut rien reprocher, hormis peut-être de trop faire la fête. et c'est justement ça qui t'a fait couler. tsunami qui t'a englouti. tu n'as rien vu venir, rien pu faire. déferlante qui a tout détruit sur son passage. ta réputation au lycée, la confiance que t'accordaient tes parents, ton couple... trop de chose perdues, brisées. à cause d'un mec. un sombre crétin dont tu ignores tout. et qui se permet de te faire du chantage en plus. de l'argent contre une sextape. le genre de chose qui n'arrive que dans des séries télévisées, du moins c'est ce que tu croyais. tu regrettes. putain, qu'est ce que tu t'en veux d'avoir trop bu lors de cette soirée improvisée par adonis. t'as fait n'importe quoi. consommer au point de ne te souvenir de rien. et l'autre qui a abusé de toi. qui pourrait faire ça, hein ? un anonyme qui demande 500 balles. mais t'es butée, alors t'as refusé. son fric, il l'aura s'il vient à ta rencontre.
parma park. pourquoi ? parce que t'as pas envie qu'on te voit faire une transition douteuse près de chez toi. et puis tu as ce sentiment que ton maître chanteur vient d'ici. un mec de ton lycée ne demanderait pas de fric. c'est dangereux. t'es clairement pas à ta place ici, tu ferais presque tâche dans le décor avec tes fringues hors de prix et ton allure de princesse. mais t'es courageuse. ou inconsciente, au choix. et puis tu veux voir le visage de celui qui t'inflige tout ça. tu veux lui poser des questions, savoir qui il est. et pourquoi.
le soleil qui commence à peine à se coucher. les ombres presque menaçantes des arbres du parc qui se dessinent au sol. 18h tapante. et y'a un mec qui s'approche. il doit avoir chaud sous la capuche de son sweat noir. tu sais que c'est lui. Il menace. Répugnant personnage. « tu sais ce que je pense ? que si t'avais voulu la diffuser, tu l'aurais déjà fait. comme pour les photos. si tu veux ton fric, tu ferais mieux de ne pas faire le malin non plus. » t'as soudainement du cran. trop. montée d'adrénaline. mais tu restes où t'es, tu ne t'approches pas de lui. distance de sécurité que tu préfères préserver. « t'es venu, non ? donc tu dois avoir quelques minutes à m'accorder. j'pense que j'y ai le droit après ce que tu m'as fait. à moins que tu ne sois pas assez courageux pour assumer tes actes. » voix détachée. tu restes calme. tu l'observes pour essayer de le reconnaître. tu l'as déjà vu quelque part, bordel. « pourquoi avoir diffusé les photos ? c'est vachement culotté sachant que je suis mineure et que j'étais ivre, et donc vulnérable. tu pourrais avoir des problèmes, tu sais. si c'est pour l'argent, t'aurais simplement pu le demander avant. » ce n'est pas ça qui manque chez toi. « et puis j'ose espérer que tu t'es protégé. j'ai pas spécialement envie d'avoir choppé une vacherie. » ouais, faut avouer que c'est ça qui te fait le plus peur dans l'histoire. tu ne sais pas où ce gars va tremper son biscuit.