ensemble, je nous tuerai. (ALMA)

Pluton dans sa voiture hors prix, cigarette au bec, garé à quelques rues du lycée public. Normalement, Aspen devrait arriver sous peu, ne voulant pas faire le chemin par elle-même. Il a accepté, lui a dit qu’il attendra mais qu’elle devra pas prendre tout son temps parce que c’était pas un de ses pigeons. Pluton qui utilise ses mots pour se faire comprendre quand il ne les utilise pas pour dire des conneries et des réalités qui blessent. Il tapote sur son guidon, garçon ennuyé qui perd déjà patience. Il faut dire que la patience n’est pas une de ses qualités les plus fortes. Pluton, connu pour être un gamin impulsif, un gamin au sang bouillant qui prenait des décisions sans réfléchir. Malgré ses airs de prince héritier, il n’en était rien. Pas aussi parfait que ceux-ci, unique, authentique. Écouteurs dans ses oreilles, il essaye de faire passer le temps grâce à des paroles qui virevoltent, en vain. Il pourrait déjà être chez-lui à se reposer si elle ne finissait pas aussi tard et s’il n’avait pas à traîner autour de ce foutu lycée. Il savait les yakuzas toujours tout près, mais Pluton s’en fichait totalement. Ces rats ne le toucheraient pas aujourd’hui. Il avait beau les détester, il n’était pas prêt à leur déclarer la guerre à chaque occasion. Le tchèque, il a comme une alarme dans sa tête lorsqu’il voit un visage connu qui quitte le lycée. Il sourit, lance sa clope sur le sol avant de l’écraser et ferme la porte derrière lui une fois la manœuvre terminé.  Il marche rapidement pour rattraper la princesse qui ne mérite pas une école aussi… Aussi semblable à Santa Barbara High. « Alma, attends. » Il se pose devant elle, quelques bouquins dans ses bras, l’air studieuse et ça lui plaît à Pluton. « Comment va ma Helsing préférée ? Ça faisait longtemps ! » Pas assez longtemps pour oublier ce petit jeu, pas assez longtemps pour tout oublier.

Pluton est une énigme, un grand mystère irrésolu. Pluton, il sourit pour crier et il crie pour sourire. Pluton, il fait mal pour se soulager et se soulage en se faisant mal. On ne comprend pas le gamin, mais on essaye de prédire ses mots, ses gestes, ses humeurs. Comme un animal sauvage qu’on essaye d’apprivoiser, mais qui mord, parfois jusqu’au sang, parfois jusqu’aux larmes. La douleur est partielle, alors, il pense avoir le droit de l’infliger à tout le monde. Elle s’en va, la douleur. Mentale ou physique, elle termine toujours par s’envoler. C’est comme un moyen de se nourrir, démon qui a besoin de peine et de haine, démon qui ne rêve qu’en noir et blanc et qui vient assombrir les belles couleurs de vos rêves. Alors, quand Pluton croise une princesse aux rêves colorés dans la rue, il court après. Il a déjà tacheté ses rêves, mais ce temps est résolu et Alma, belle princesse, est passée à autre chose. Alma, plus forte, moins fragile, les yeux ouvert sur le cas de Pluton. Définitivement un connard qu’on veut pas autour. « Tu brises mon cœur, jolie Alma. » Il soupire, l’air faussement déçu. Pour briser son cœur, il faudrait d’abord prouver qu’il en ait un. C’est aussi une des grosses énigmes qui forment Pluton : en a -t-il un ? Le cœur qui permet d’aimer, de s’attacher. Pas celui qui fait circuler le sang et qui lui permet de vivre. « Je voulais m’assurer que tu allais bien. Tu m’as plus recontacté depuis, j’étais juste curieux. » Il la regarde, sourire aux lèvres. « À moins que tu aies quelque chose d’autre à m’offrir ? » Démon qui creuse toujours en pensant pouvoir trouver d’autres rêves à noircir. Pluton veut beaucoup, faut juste le desceller. Et quand on commence à le connaître - c'est possible, on comprend trop rapidement.