Un pas. Deux pas. T'entends la semelle de tes chaussures claquer sur le plancher crasse de l'école, et tu te dis que les concierges ont pas bien fait leur boulot. En serrant tes livres contre ta poitrine, tu plisses du nez juste à y penser. T'as la moitié de ta journée de faite, et honnêtement, t'aimerais vraiment être ailleurs. T'as été obligé de te changer ce matin après que des mecs de l'équipe de foot t'aient arrosé avec leurs boîtes de jus, comme des gamins le feraient. T'avais perdu ton roman après ton deuxième cours, et dieu seul sait que c'était ton roman préféré. Pas la poisse. C'est pour ça que là, t'espère que personne t'abordes. Tu fais une mindmap de ta trajectoire de la journée; tu te croirais en mathématiques, à faire des paraboles et des pourcentages de chance, murmurant tes données à voix haute, comme un gamin qui réfléchit trop. T'essayais de pas être déconcentré par le chandail blanc sale avec le logo du lycée; le blanc c'était bien, mais c'était pas ta couleur. Encore moins quand le t-shirt avait l'air de ne pas avoir été lavé depuis trois semaines. La cloche sonne. Toi, t'étais déjà sorti de classe. Pas que tu sois le chouchou du prof, mais elle savait que te faire sortir en même temps que tout le monde, ça aidait pas ton anxiété. C'était bien l'une des seules profs qui te comprenait. Pas comme cette connasse de prof d'histoire. Ouais, celle-là elle peut aller se pendre. Le bruit cacophonique des gens qui sortent de classe envahissent les couloirs, et immédiatement, tu te colles aux casiers pour éviter la catastrophe. " Pousse toi, gamin. " qu'un mec te balance, sans prendre la peine de te regarder. " Ah, désolé... " C'est tout ce que tu trouves à dire; t'es mou, wolf, c'est pour ça. Tu te râcles la gorge, puis continue à faire ton petit bout de chemin. Puis ton regard s'arrête sur une demoiselle; une tête vachement familière. C'était l'une des cheerleaders du bahut, pas que tu t'en vantes, mais t'étais rarement capable de dire que tu connaissais le upper class du lycée. T'étais trop nerd, trop geek pour ça. T'étais dans le bas échelon, tu vois. Pas elle. C'est pour ça que t'arrêtes de marcher sec, la fixant avec ce regard de mec qui espère trop. Pas que tu sois un gros pervers qui stalk les demoiselles au loin sans jamais leur parler, c'est juste qu'il y a une certaine curiosité. Tu la regardes doucement, toujours en train de réfléchir à ton roman. Puis quelque chose clique. Elle, elle passait, devant la bibliothèque en même temps que toi. Peut-être qu'elle le sait! L'anxiété te prend par les trippes, et tu sens ton coeur battre la chamade. Tu dois aller lui parler, Wolf. Peut-être qu'elle sait où est ton roman.
Un pas, puis deux. T'entends la semelle de tes chaussures claquer sur le plancher crasse de l'école, mais cette fois-ci, t'es concentrée sur la demoiselle, et non pas sur la saleté de l'établissement. Une fois à côté d'elle, tu ignores le regard rempli de jugement des autres filles aux casiers d'à côté, et tu te râcles la gorge. " Salut. " T'essaie de garder ton calme, sans succès. Tes mains serrent les livres, et tu déglutis, en espérant qu'elle te réponde. Comme la dernière fois. T'espère que ça n'aie pas été qu'un coup de chance.
Tes talons résonnaient dans les couloirs du lycée, ton regard surplombait l'allée. Tu étais accompagnée de deux amies, tu bousculais un mec au passage auquel tu souriais de manière taquine. Vous vous connaissiez, c'est juste un rituel du matin, footballers et cheers' font mines de s'entendre alors que tout est un brin plus compliqué que ceci. Tout le monde apprécie Blanche ou la craint d'une manière ou d'une autre et ça te dérange un peu mais ça te rassure d'un côté. Tu assistais aux cours de manière religieuse, tu n'étais pas comme plus de la moitié des élèves parce que ton futur, tu le prenais au sérieux. Les professeurs t'appréciaient pas mal et rares fut les fois où tu te retrouvais au dos du mur avec le corps enseignant. Tu avais de bonnes notes et tu étais pour la plupart du temps satisfaite. Ce matin, tu étais partie aux répétitions de cheerleading, la tension était de plus en plus lourde … Certaines alliances s'étant créées, tu tentais de garder ton sang-froid mais bon Dieu que c'était compliqué. Le midi, tu mangeais avec quelques amis. « Blanche, tu fais quoi après 16h' » Tu soupirais à sa question. « Quelque chose. » Un mec, un dragueur qui te demandait pour la énième fois ton numéro. Tu décidais de l'ignorer encore une fois. Une heure suivit, et tu te retrouves à prendre des bouquins dans ton casier pour te diriger vers la bibliothèque. « Salut. » Tu sursautes légèrement et te retournes pour apercevoir une tête que tu avais déjà vu. Tu ouvres grand tes yeux avant de lui offrir un léger sourire. « Wolf ? C'est ça ton prénom, dis moi que je ne me trompe pas ! » Tu lui demandes, légèrement inquiète de l'avoir confondu. Tu remarques pourtant son t-shirt avec le logo du lycée, ton sourcil tilte avant de voir les filles derrière juger l'échange. Et qu'il a l'air nerveux ce Wolf. « Tout va bien ? » Demandes-tu sincèrement, penchant légèrement ta tête sur le côté.
T'es tellement nerveux que t'as l'impression d'être sur scène avec ton piano. Le truc, c'est que t'es doué au piano. Parler aux gens, c'est un talent sur lequel t'as pas travaillé, mais pas du tout. C'est comme si t'essayais de passer une audition avec une pièce que t'avais jamais pratiqué. C'était la loose, mais t'étais pas un lâcheur. C'est pour ça que t'essayais quand même, tant pis si tu te ridiculises. De toute façon, ces meufs-là rient déjà de ta tronche pour rien, au moins tu pourras leur donner une raison. La réponse de la demoiselle te fait presque sursauter, comme si t'avais anticipé le fait qu'elle allait t'ignorer. Tu lèves la tête, comme un chevreuil devant les phares allumés d'une voiture en marche. En plus, elle te souris, mais toi, t'es figé, t'arrives pas à lui témoigner de ton soulagement, et t'arrives surtout pas à lui montrer que t'es quelqu'un de sympathique. " Oui, oui, c'est ça. " Courte pause, t'es trop awkward pour lier tes phrases de façon naturelle. " Wolf. Et toi, c'est Blanche. " Et tu te rends compte que dit comme ça, c'est vachement louche, du coup tu secoues la tête, tu te reprends, tu t'emmêles les pinceaux. " Euh, enfin, c'est juste que... " tu murmures la fin de ta phrase, embarassé. " Bah je connais ton prénom, voilà. " Pause. Elle est trop longue, ta pause. Les nanas d'à côté te regardent comme si t'avais trois yeux, et la sueur te coule dans le dos. T'essaies de les ignorer du mieux que tu peux. Tu te rappelles finalement la raison pour laquelle t'es venue la voir. T'inspires profondément, comme pour prendre ton courage à deux mains - il t'en faudrait une troisième, d'ailleurs. " Je voulais juste savoir si, euhm... " Tu prends une autre pause, ton regard passant de sa personne, aux casiers, aux gens qui passent, à elle, puis à tes pieds. " Je voulais savoir si t'avais vu un livre égaré. " Au vu de l'intérêt que tu portes pour ce livre, la gêne se dissippe puisque tu te concentres sur l'explication du roman et ce dont il comporte. " J'ai perdu mon roman, Persépolis, et, voilà, je le trouve pas, et je t'ai vu passer plus tôt, et je me suis dis, pourquoi pas, tu vois... " Tu déblatères, et t'en rajoutes, t'essaies de combler le vide et le silence qui s'installe à chaque fois que t'arrêtes de parler.
code by belle âme
Invité
Invité
Sujet: Re: lonely (blanche) Mer 20 Juin - 2:43
Tu relâchais tes livres au niveau de ton bassin. Ton regard était bienveillant envers le jeune homme et ce n'était pas pour tout le monde. Il dégageait une certaine pureté qui te réconfortait beaucoup, son air torturé et innocent à la fois. Tu voyais bien qu'il était gêné et que ça lui prenait tellement de force. Un sourire compatissant se posait sur ton visage avant que tu n'ailles poser une main sur la sienne qui serrait ses livres contre lui. « Hmm … » Tu le regardes pour le rassurer, le lycée n'était pas rempli que de gens pourris après tout. Il te suffisait d'un simple regard froid envers les filles pour les faire sursauter et vaquer à leurs vaines occupations. Tu remets une de tes mèches derrière ton oreille gauche, ton colle roulé noir mettant en valeur la forme de ton visage. « Oui c'est moi Blanche. » Tu te mis à rire doucement, un rire qui était censé le détendre et non le faire crisper. Tu retires ta main de la sienne et croises une nouvelle fois tes bras pour écouter sa demande. Un livre ? Perdu ? De quoi parlait-il ? Tu n'avais pas une sombre idée d'où il pouvait se trouver son fichu bouquin. « Non, je suis désolée je ne pense pas l'avoir vu par terre. Mais je ne vais pas te mentir, je ne l'aurai pas ramassé pour autant. » Tu lui réponds de manière franche, tu ne veux pas sembler fausse non plus. Une idée lui vint en tête. « Tu as demandé à la bibliothécaire ? Je suis sûre que cette vieille chouette ramasse tout ce qu'elle voit. » L'adolescente que tu étais n'appréciait guère les enseignants qui regardaient de haut la plupart des élèves, surtout populaires. Tu parles tu parles, tu veux juste le rendre à l'aise parce que tu sais qu'au fond, il galère pas mal.
Alerte; contact humain. Je répète, contact humain. Y'a sa main qui se pose sur la tienne doucement, cette main crispée sur tes cahiers. Presque pour te dire de relaxer. Toi, pourtant, y'a dix-sept alarmes différentes qui sonnent dans ta tête, et tu sais pas trop quoi faire de ces dernières. Du coup, tu regardes sa main, tu la regardes, tu regarde ta main à toi, et tu la laisses faire, parce que sinon, ça serait trop impoli. Puis y'a son rire, aussi. Elle réussit à t'arracher un sourire en coin, timide, mais là quand même, puis elle retire sa main. Tu peux enfin respirer. Elle te répond qu'elle n'a pas trouvé ton roman. Soupir. Tes épaules s'affaissent un peu, en plein moment de désespoir. " Ah, c'est pas grave... " La demoiselle te propose la bibliothèque comme premier endroit de recherche, et un frisson te prends. Tu secoues la tête agressivement, comme un gamin effrayé, avec tellement de puissance que tu passes à un doigt d'échapper tout tes bouquins par terre. En tentant de les garder en équilibre dans tes mains, tu justifies ton élan de refus. " Il faudrait pas. C'est pas son livre, c'est le mien. " Ça sonne drôlement enfantin, mais c'est vrai. Tu l'as acheté, parce qu'ils avaient pas la version que tu voulais ici. La tienne était signée, et tu y tenais vachement, alors t'avais espoir, tu vois. " Elle m'aime pas, la bibliothécaire, elle ferait tout pour me nuire... " Et c'est vrai; pour une raison qui t'es totalement inconnue, la madame veut ta perte. T'es trop brillant et t'es toujours logé au même bureau. Tu ne fais pas de bruit, t'étudies, t'es respectueux, et elle veut quand même la peau de ton cul. Jamais tu ne comprendras.
code by belle âme
Invité
Invité
Sujet: Re: lonely (blanche) Mer 20 Juin - 3:33
« As-tu besoin de mon aide ? Pour le récupérer je veux dire. » Précises-tu. « Un coup de pression et je la fais sauter de panique. » Sournoise ? Certainement. Tu passes encore une main dans tes cheveux. Roh, t'en as marre, tu tends tes bouquins à Wolf le forçant à porter tes livres le temps de quelques secondes. Et tu sors un élastique pour te faire une queue de cheval relevée, il te faut un rendez vous chez le coiffeur, si seulement elle pouvait être disponible aussi celle là. Tu serres et tu regardes le jeune homme. « Ça va tu penses ? » Tu demandes en tournant une fois sur toi même. Tu étais fatiguée d'attirer autant de yeux sur toi, tu les sentais à l'instant et tu te demandais si c'était à cause de Wolf. Depuis qu'il avait commencé à te parler, les hommes au loin le regardaient mal et les filles riaient. Tes yeux suivaient les siens, tellement qu'ils vagabondaient de gauche à droite et haut en bas. Les tiens se mirent à juger les élèves autour, du haut de ton mètre soixante trois, tu les regardes tous de haut. Tu te mords la lèvre inférieure avant de faire quelque chose qui vient de te sortir de la tête, tu poses tes bouquins par terre avant de prendre les siens et de les empiler dessus. « Tu permets... » Tu t'agrippes alors à son bras avant de monter dessus pour aligner ton regard au sien. « Me lâche pas, j'suis en talon. » Un rire moqueur envers toi même, tu le regardes et lui souris. Il fallait enlever cette pression qui régnait dans le couloir, la plupart des lycéens cessèrent de payer attention suite à la cascade de Blanche. Il est vraiment très mignon de cette angle, te dis-tu avant de redescendre une trentaine de secondes après. Tu ajustes tes deux boucles d'oreilles avant de reprendre tes livres. « Vraiment désolée. » Tu ries encore une fois avant de plisser des yeux. « Pourquoi tu te retrouves avec les vêtements du lycée d'ailleurs ? » Simple question, réponse que tu avais déjà en tête. Tu voulais juste savoir quelle serait la sienne, si il allait mentir ou dire la vérité. « On va chercher ton livre ? » Annonces-tu par la suite.
Accueil
