T'as le nez dans ton bouquin. C'est dangereux, de marcher avec un bouquin dans les mains, surtout quand on est dans les couloirs de l'école. Tu descend du deuxième étage; t'avais emprunté leur piano pour pratiquer un peu ton solfège - même si tu connaissais la technique de pratique par coeur. Pour te changer les idées, t'avais voulu regarder ton bouquin - un guide des final fantasy sur la première playstation. Bien évidemment. Toutes les soluces et les secrets, pour la satisfaction de ton petit coeur de gamer. Quand on dit que c'est dangereux de marcher avec un truc pareil dans les mains, c'est qu'il y a deux facteurs. Le premier; les connards. Genre, ces joueurs de foot, qui te victimisent à chaque heure de la journée, tant que t'ère dans les couloirs du bahut. S'ils te voyaient geeker comme ça, à aire ouverte, t'étais persuadé que le bouquin finirait dans les toilettes. Ou pire, ta tête finirait dans les toilettes. C'est pas l'idéal, surtout que t'aimais la façon dont tes cheveux tombaient sur ton front, aujourd'hui. Ça accentuait les lunettes. Le deuxième; t'es tellement maladroit que tu finirais par foncer dans quelqu'un. Et au moment où ça te traverse l'esprit, tu te bouffes le bouquin en plein dans la poitrine, et tu sursautes tellement fort que t'en perds tes lunettes. Heureusement, elles rebondissent sur le sol sans se briser. " Oh! J'suis désolé... " Que tu commences, la panique claire dans ta voix; tu veux juste pas que ce soit l'un des gamins populaires du bahut, des plans pour que tu te fasses éviscérer. Tu penches la tête, et laisse tomber ton bouquin pour aider la personne dans la quelle tu viens de tomber. Et tu te rends compte que c'est Camila. Chère Camila à qui tu n'as pas adressé la parole depuis... depuis trop longtemps. T'as perdu le concept du temps, mais tu sais qu'elle te manque. Tu lui tends la main, timidement, mais poliment. " Cam. " Tu l'interpelles afin de l'aider à se relever. Après tout, t'es tellement grand que y'a pas eu de dommage de ton côté. Ta voix est délicate; après tout, vous deux, ça remonte.
code by belle âme
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Sujet: Re: clumsy (camila) Mer 20 Juin - 5:50
Tu marches vers ton casier, yeux vrillés sur ton cellulaire, ce petit appareil qui te sert de compagnon 24h/24. Tu es occupée à regarder ton instagram avant ton prochain cours, voyant qui a liker ta dernière photo et lisant les commentaires. Tu ressens ce typique boost de self-esteem, celui dont tous les experts parlent et qui apparemment est la cause de l’addiction aux réseaux sociaux, mais t’y peux rien. Tu ressens encore une certaine satisfaction de voir où tu t’es rendue, passant de l’ado bizarre à l’ado populaire. T’es assez fière de toi. Tellement fière de toi que t’es totalement absorbée par ton téléphone, oubliant le monde au tour de toi. Tellement absorbée, que tu percutes quelqu’un de plein fouet, perdant l’équilibre, revenant à la réalité, puis t’accrochant à un casier pour t’éviter de tomber devant tout le monde, ce qui vire en échec. Te voilà les fesses au sol, grimaçant de douleurs, et maudissant cette personne. Ton premier réflexe, regarder ton téléphone pour t’assurer qu’il est encore en parfait état. Ton deuxième, même si tu ne sais pas encore qui t’a foncé dedans, jeter un regard noir et riposter, franchement agacée par la situation :
« Fait un peu attention ! » Tu le dis pile au même moment qu’il s’excuse, vos voix s’entremêlent. Tu lèves les yeux, reconnais cette voix. Bien sûr qu’il s’excuse. Bien sûr qu’il s’excuse alors que c’est autant ta faute qu’à lui. Bien sûr qu’il dépose son livre pour t’aider à te relever, tu acceptes sa main tout en ramassant son livre au passage. Il prononce ton surnom, celui que personne n’utilise depuis longtemps. Cam. C’est subtil, mais ça te ramène à une autre époque. Une époque où tu étais la plus grande des deux, alors qu’aujourd’hui tu te sens incroyablement petite. Ta voix se serre. « Wolf. » Tu stimules une quinte de toux pour que tout semble normal, pour qu’il ne remarque pas que ta voix a coincé sous l’effet des premières paroles que tu lui abordes depuis des années. Tu t’apprêtes à lui redonner son livre. Pincement au coeur en lisant le titre, un livre de gamer. Nouveau retour dans le passé, à une époque où avec Coppelia tu passais des soirées entières chez lui pour éviter ton foyer un peu trop agité avec l’arrivée d’un nouveau bébé. Une époque où sa maison était pratiquement la tienne. Une époque où il t’apprenait à gamer, et le simple contact de ses mains sur les tiennes arrivait à emballer ton petit coeur d’adolescente inexpérimentée.
« Ton livre. » Ton cordial, poli. Les mains libres à nouveau, tu époussettes ton derrière. Tu aurais tant à partager, tant à lui raconter qui a changé, mais justement. Trop a changé. Et tu es sûre qu’il te déteste. Tu croises son regard, et tu regardes rapidement ailleurs. Tu aurais tant à dire, pourtant tu ne dis rien. Camila Reyes sans mots, une première.
L'initiale réaction de la demoiselle ne te surprend pas tant que ça; certes, y'a un certain pincement au coeur, parce que jamais qu'elle t'aurais parlé comme ça avant. Mais c'est pas grave, puisque c'est Cam. Et toi, t'es mou. Au moins, elle se calme en réalisant que c'est toi. Enfin, tu sais pas si elle est calme, mais l'agressivité sur son visage fait place à la surprise, puis à une autre émotion que tu pourrais pas décrire. De toute façon, t'es nul pour lire les gens. C'est pour ça que tu lis des bouquins. Elle accepte ta main, délicate dans la tienne, et ton coeur te fait tellement mal que t'as l'impression que tu vas le vomir. Faudrait pas que tu vomisses, des plans pour qu'elle te parle encore moins. Tu soupires lorsqu'elle te donne ton bouquin, après l'avoir regardé rapidement. Elle aurait pu s'en moquer; après tout, ses amies cheerleader l'ont déjà fait, du coup, t'aurais pas été surpris. " Merci. " La conversation est pas très impressionnante, mais après tout, y'a énormément de choses qui se sont passés, et tu sais pas trop par où commencer. Ton cerveau de lâche te dis de courrir, d'éviter la confrontation, de la laisser tranquille, mais ton coeur te dis de rester. T'as vraiment envie de lui faire un câlin; de la soulever de terre, comme tu le faisais avant quand t'as commencé à la dépasser en taille. Elle disait toujours qu'elle détestait ça, mais elle riait à chaque fois, et t'adorait le son de son rire, alors tu continuais. " Pourquoi tu dis rien? " Tu murmures presque la question, comme un gamin. Tu la regardes, t'essaies d'analyser, mais t'es pas doué. Tu fais un pas en sa direction, habitué à littéralement partager la même bulle d'air. Tu te tais, toi aussi, comme si ton courage s'était évaporé. C'était plutôt rare, que t'oses dire ce que tu penses, mais avec Cam, c'était différent.
code by belle âme
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Sujet: Re: clumsy (camila) Mer 20 Juin - 17:35
« Parce que j’ai rien à dire peut-être ? » Tu réponds comme si c’était évident, le ton un brin sec, désarmée devant sa franchise. Tu lances un regard rapide au tour de toi, histoire d'être certaine qu’il n’y ait pas trop de gens qui vous voient ensemble. T’avais oublié c’était comment de trainé avec lui et au fond, tu sais qu’il doit avoir remarqué ton malaise, après tout ce qui s’est passé. Après que tu aies humilié Coppelia comme tu l’as fait, et après que tu les aies traités comme des inconnus. Il aurait mérité tellement mieux. C’est probablement le garçon le plus gentil que tu connaisses, pas étonnant qu'à l'époque une colonie de papillons s'agitait lorsqu'il te parlait. Il mérite tellement mieux que ce qu’il subit, jour après jour, et que tu observes sans rien dire. Qu’est-ce que tu pourrais dire de toute façon ? Vous n’êtes plus amis. Si ça se trouve vous n’avez même plus rien en commun, ça fait une éternité que tu ne t'aies pas intéressée à des trucs de geeks.
« Tes parents vont comment ? » Tu cognes son pied au passage avec le tien, tu faisais souvent ça avant. La question t’intéresse réellement, surtout parce que tu te rappelles d’eux comme absents oui, mais aussi incroyablement accueillants, et ça te donne une raison de lui parler encore un peu. Parce que t’arrives pas à savoir si t’as envie de prendre tes jambes à ton cou, ou rester à prendre de ses nouvelles durant des heures. Parce que dans la vie de tous les jours, c'est facile de vivre sans remords. Devant lui, un peu moins.
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