- come back to you [w/joshua]

T’essaies de te concentrer sur ta copie sans arriver à y parvenir. Tout se mélange dans ta tête et tu n’es plus sûr de rien. Dès que tes yeux ont le malheur de se poser sur lui, tu repenses à cette chaude soirée d’août, à cette nuit où tout à dérapé. Cela va bientôt faire un an que vous avez couché ensemble et que vous ne vous adressez plus la parole mais il n’y a pas un jour où tu ne penses pas à lui. Tu restes à l’écart, ne voulant pas attirer d’ennuis à Joshua si votre relation venait à se savoir. Mais cette distance te tue à petits feus et tous les cours en sa présence sont une véritable torture. Au début, t’as cru que ça te passerait, que tu passerais à autre chose et que tu l’oublierais mais rien de tout cela n’est arrivé. Tu aurais préféré, ça aurait été plus simple. À chaque fois que tu croises son regard azur, tu sens ton coeur défaillir. Tu revois vos corps qui se frôlent, qui se touchent, qui s’entremêlent. Ton désir pour lui n’a pas faibli alors que cela va faire bientôt un an. Bien au contraire, la séparation n’a fait qu’attiser la flamme qui brûlait pour lui. Tu griffonnes sur la table, observes les autres à la recherche de réponses qui n’arriveront jamais. De temps en temps, tes pupilles se posent sur Primrose. Tu te demandes si elle se doute de quelque chose. Sûrement. Les filles ont un sixième sens pour ça et Prim n’est pas née de la dernière pluie. Cela fait plusieurs mois que tu t’éloignes de plus en plus d’elle et ce n’est certainement pas passé inaperçu auprès de la rousse. Tu ne lui prêtes plus vraiment attention, tu ne la touches presque plus mais vous faites semblant pour maintenir votre réputation de reine et roi du lycée. Ta vie n’est plus qu’une vaste tragédie dans laquelle tu joues le premier rôle. Toi, tu te sens pris au piège, le cul entre deux chaises, entre ce que te dicte te raison et ce que ton coeur te hurle. Personne ne comprendrait que tu quittes Primrose, et encore moins pour un mec, aussi beau et intelligent soit-il. On ne quitte pas une fille comme Prim. Une gonzesse comme ça, on fait tout pour la garder. En théorie. Toi tu luttes contre tes sentiments à l’égard du professeur pour ne pas tout envoyer valser. Tu scrutes la salle et constates que tout le monde planche sur son devoir dans un silence quasi-religieux. Toi, tu as le cerveau tout embrouillé. Tu réponds au hasard et es le premier à te lever de ta chaise pour te diriger vers l’estrade où Monsieur Thorne est juché derrière son bureau. Tu déposes ta copie sans grande conviction sur le bureau du professeur de français, le regardant à peine tellement tu as honte de rendre un tel torchon. Tu te détournes et t’apprêtes à sortir de la salle de classe.
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T’essaies de te concentrer sur ta copie sans arriver à y parvenir. Tu te sens vide. Cela va faire des mois que vous échangez des banalités de professeur à élève mais vous n’avez plus jamais évoqué le sujet qui vous brûle pourtant les lèvres. Il te manque quelque chose et tu n’aimes pas cette distance entre vous. Tu ne supportes pas d’être un lycéen parmi d’autres à ses yeux. Ton coeur s’arrête une fraction de seconde quand il prononce ton prénom et tu te retournes vers lui. Tu acquiesces quand il te demande de venir le voir à la fin du cours. « Faut croire que je suis pas si bon que ça. » tu souffles. Tu lui en veux de t’avoir laissé tomber, de faire comme s’il n’y avait jamais rien eu. Tu retournes t’asseoir à ta place et tu observes les autres s’appliquer sur leur devoir. Tu regardes l’horloge de la salle de classe, les minutes s’écouler lentement alors que tu joues avec ton stylo, essayant de faire passer le temps. Puis c’est la délivrance, la sonnerie qui se met à retentir et le déferlement d’adolescents se ruant vers la sortie après avoir rendu leur copie. Toi tu restes cloué sur ta chaise et fais signe à Primrose de ne pas t’attendre. Tu ne doutes pas qu’elle aura une excellente note en français, étant une jeune fille brillante en plus d’être jolie. Tu finis par te lever, ton sac à dos sur l’épaule et te diriges vers Joshua. Tu plantes tes yeux bleus dans les siens. « Tu…vous vouliez me parler professeur ? »  Le vouvoyer te fait mal, tu as l’impression de renier ce que vous avez vécu ensemble, aussi bref cela eut été mais tes camarades pourraient laisser traîner des oreilles indiscrètes et tu ne veux pas te montrer trop familier, trop proche du bel enseignant. Tu ne veux surtout pas mettre en péril sa carrière pour avoir été trop imprudent. T’as une tonne de questions qui te pique la langue. Tu voudrais savoir si tu n’étais qu’un coup d’un soir et s’il faut vraiment que tu passes à autre chose, si cette alchimie entre vous n’était que le fruit de ton imagination ou s’il a lui aussi ressenti cette connexion. « Je sais que mon devoir est mauvais, je suis désolé. » tu dis. Rendre une telle évaluation te désole mais tu n’as pas la tête à ça. Tu avais beau avoir révisé, devant ta feuille, tu avais tout oublié. Ton père va vouloir te tuer s’il apprend que tu as eu une note aussi catastrophique mais tu t’en fiches. De toutes façons, il n’est jamais là alors avant qu’il ne s’en rende compte, les poules auront des dents.
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Tu le regardes ranger ses affaires, lèves les yeux au ciel quand il te demande si le problème vient de chez toi. C’est lui ton problème, tu n’arrives pas à te focaliser sur le cours quand il est près de toi. Ton coeur tambourine dans ta poitrine mais tu essaies de l’ignorer et réponds : « Non, ce n’est pas ça. » Certes, ta famille est loin d’être parfaite même si elle fait tout pour en donner l’impression et si ton père est plutôt absent et quand il est là, bat sa femme, cela fait des années que cela dure et n’est pas à l’origine de ton trouble. Même si on ne s’habitue jamais à la violence, surtout envers sa propre mère. Tu fronces les sourcils quand il te propose une évaluation de rattrapage. Certains pourraient prendre ça pour du favoritisme et trouver ça louche. Tu dis d’une voix calme et posée : « Je veux pas de traitement de faveur professeur. Je me suis foiré, c’est tout, c’est la vie. » L’enseignant a eu une bonne intention mais tu ne veux pas de sa pitié et de toutes façons, tu es persuadé que cela ne changera rien de repasser cet examen, la source de tes difficultés étant en face de toi. Tu te diriges vers la porte et la ferme, rendant l’atmosphère soudainement plus intime. Cela va peut-être jaser dans le couloir mais tu t’en fiches bien. Ton palpitant bat la chamade dans ta cage thoracique, être seul dans cette pièce avec lui fait remonter de nombreux souvenir. Tu plantes tes yeux bleus dans les siens que tu aimes tant. T’es nerveux et tu fais tourner ta chevalière autour de ton doigt avant de reprendre la parole : « J’ai besoin de savoir, d’en avoir le coeur net… » ta voix se brise, tu ne la contrôles plus vraiment et ta gorge se noue. Tu tentes de reprendre ta respiration et continue tant bien que mal : « Cette nuit-là, j’étais juste un mec de plus ou… » tu cherches tes mots, tu te sens bête devant Joshua. « ou t’as vraiment ressenti un truc pour moi ? » T’as besoin de savoir, de savoir si tu ne t’accroches pas pour rien, si il y a un espoir que cette soirée d’été ne fut pas le point final de votre histoire. Tu n’arrives plus à avancer sans toutes ses réponses. Tu veux connaître le ressenti de Josh, même s’il pourrait ne pas être le même que le tien. Au moins, tu seras fixé. Toi, tout ce que tu sais, c'est que tu as une envie folle de l'embrasser, de poser une nouvelle fois tes lèvres sur les siennes.
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Tu ne peux pas croire qu’il fait ça uniquement par bonté d’âme et parce qu’il est un bon professeur qu’il donne toujours le meilleur de lui-même pour que ses élèves réussissent. Tu peux le lire dans ses yeux, même s’il refuse de le verbaliser pour le moment. Qu’il refuse de voir les choses en face t’attriste et tu l’observes s’affairer sans dire un mot. Tu le laisses raturer le rendez-vous dans son agenda avec un petit pincement au coeur. T’as presque envie de lui dire que tu as changé d’avis, que tu acceptes le contrôle de rattrapage mais tu ne veux pas qu’il pense que tu changes d’avis comme de chemise. T’as besoin de lui, mais pas de cette façon là. Tu n’as pas besoin de Monsieur Thorne, le professeur de français de Wave Private High School. Tu as besoin de ses bras qui t’entourent et te rassurent, de sentir son souffle dans ton cou quand il t’embrasse et d’entendre sa voix grave te bercer et t'apaiser. Ça fait presque un an que vous vous évitez, sûrement de peur retomber dans les bras l’un de l’autre. T’as cru que tu finirai par l’oublier, que le temps estomperait les sentiments que tu avais pour lui mais il n’en fut rien. Ce fut la frustration et le manque que tu vis grandir en toi pendant cette longue période scolaire. T’es resté à bonne distance de lui juste pour le protéger, par amour, pour que l’on ne découvre pas qu’il avait couché avec un mineur et qu’il soit viré du bahut. Tu te demandes s’il a déjà pensé à se faire muter par ta faute, si cela lui a effleuré l’esprit de prendre les voiles pour partir loin de toi et ne plus être tenté de refaire deux fois la même bêtise. Tu le suis du regard quand il s’approche de la porte et la déverrouille, brisant ce court moment d’intimité entre vous. Tu lui en veux un peu de ne pas de répondre clairement et les mots sortent tout seuls. « Tu peux arrêter d’éviter le sujet ? » Tu marques une pause. « C’est fatiguant à force. J’veux juste une réponse, j’en ai marre d’être dans le flou, tu peux comprendre ? » Tu fronces les sourcils avant de continuer : « Si j’étais juste là pour que tu te vides les couilles, tu peux me le dire, au moins je serai fixé ! » Tu vides ton sac mais tu ne voulais pas que cela sorte comme ça et tu regrettes presque immédiatement ces dires. T’en trembles presque et la situation te rend triste, si bien que tu sens tes yeux s’humidifier. Tes poings qui s’étaient légèrement serrés se desserrent et quand tu reprends, ta voix se fait plus douce : « Je voulais pas dire ça… » ta voix se brise et tu avances vers lui, te retrouve si prêt de lui que tu peux sentir sa respiration et tu poses tes lèvres sur les siennes une fraction de secondes. Ce baiser sonne comme une excuse, tu ne veux pas que vous partiez fâchés. T’as l’impression que ton coeur va sortir de ta cage thoracique. Tu replaces la bretelle de ton sac à dos sur ton épaule et te dirige vers la sortie.
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