trashbag baby

— teen attitude, teen problems.

vous savez, on est sept à la maison. maman, papa, charlie, blade, ireland, moi et jett. autant dire qu'on est trop. on vit dans une ferme dans l'ouest de la ville, une ferme qui appartenait à mes grand-parents. je l'aime pas. j'aime pas mes grand-parents non plus. de toute façon il sont morts.
ugh comme j'ai envie de partir!!!!
je suis ni le premier, ni le dernier, ni celui du milieu. ouais, je suis un peu personne. personne n'est personne de toute façon dans cette maison. je déteste pas ma famille, mais j'ai pas de connexion avec eux, on ne partagent presque rien, on se contente juste de survivre avec les autres au milieu, chacun reprochant secrètement l'existence de son voisin. comme si on vivrait mieux si charlie n'était pas fan de motos, si blade n'était pas asthmatique, si ireland arrivait à vendre ses bijoux nuls, si je forçais pas autant avec mes instruments de merde, si jett nous cassait pas les couilles avec ses jeux vidéos, si papa se rendait compte que la pêche ça nous sert à rien, si maman avait pas un problème avec l'alcool. bien sûr qu'on fait pas toujours la gueule, des fois on rit ensemble. mais je crois que j'ai jamais entendu qui que ce soit lancer un "je t'aime" et le penser sincèrement. surtout quand c'est de la part des parents pour me dire que si ils m'envoient un mois en camp de conversion en arkansas ( au frais de mes économies pour l'université bien sûr ) c'est parce qu'ils m'aiment. ( mais pas comme ça )( c'est comme j'ai toujours été, maman ). ça va plus à la messe depuis des lustres, mais des que ça doit justifier son homophobie ça sort le nom de dieu toutes les cinq secondes. j'en peux plus de l'hypocrisie de cette famille. mes frères et ma soeur ont rien dit. je crois qu'ils en avait rien a foutre. limite ils étaient jaloux que moi je puisse partir en "vacances". ireland peut-être m'a dit bon courage avant de partir, je sais plus.

c'était littéralement l'enfer là-bas. super chiant, super chiant. j'essayais d'en rire la plupart du temps, mais des fois c'était vraiment fucked up. j'ai encore peur pour les potes que je me suis fait là-bas. j'ai peur qu'ils se tuent. moi, même si j'y pense, je vais pas le faire. parce que j'ai goûté au vrai amour, le plus pur, avec eux. j'ai trouvé un espace où je peux me libérer, je peux être moi-même, avec eux. une famille de substitution. ou non, plutôt la vraie. (j'ai l'impression d'être un traitre envers mon sang en disant ça. ) et puis j'ai les livres, l'écriture, et la musique. ( y'a aussi la cigarette et la beuh ) je m'évade facilement. mais difficilement.




( mes cahiers ont toujours été sales, baveux, j'écris au stylo plume et je suis gaucher. et j'écris pas forcément mes cours, mais tout ce qui me passe par la tête, phrases, poèmes, chansons, mémos, liste de course. j'essaie de dessiner parfois mais je suis vraiment une merde en dessin. )


y'avait cette guitare posée près du fauteuil de mon père, elle était là depuis toujours, elle prenait la poussière. et depuis toujours j'avais voulu jouer avec, je laissais des traces de petits doigts sur le bois. puis un jour, je devait avoir huit ou neuf ans, je l'ai prise. elle sonnait très faux. toutes ces années délaissée, sur le côté. mais je jouais avec quand même. je savais pas ce que c'était que d'accorder une guitare. mais c'était tellement pas beau, j'ai faillit laisser tomber. puis un jour, un ami à blade est venu, et il me l'a accordée. c'était bizarre, mais ça sonnait mieux, c'était plus beau. j'étais habitué à des sons plus graves, plus dissonants. mais là j'entendais clair, je voyais mieux. tout était plus beau, prenait un sens. et quand je jouer mes petites notes désordonnées, je me sentais meilleur qu'avant. et j'ai vraiment commencé à aimer cet instrument. j'avais encore du mal et du chemin à faire, mais j'avais envie de réussir.