// family time

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ton père est un vrai gamin, franchement. il n'en manquait pas une quand tu sortais avec sandy pour te dire à quel point t'étais niais, mais alors la pomme est pas tombée bien loin du pommier. le voilà qui change de chemise trois fois, qui stresse tellement que ça fait de la buée sur ses lunettes, et qui fait les cent pas dans la maison à chercher ses clés alors que toi, t'es dans le canapé depuis une demie heure, poing contre joue, hyper relax, kush sur tes genoux. chill, papa. tu fais, en scrollant sur ton téléphone à travers toutes les updates instagram. il stresse un peu (beaucoup) parce que tu vas rencontrer son "amie", comme il l'appelle. tu comprends pas les vieux. mais tu peux bien comprendre ton vieux. tu peux bien comprendre pourquoi il s'met dans cet état. il a peur qu'elle ne te plaise pas. il a peur que tu le vives mal, il a peur que tu croies qu'elle remplacera maman. mais t'es pas con, dyl. enfin pas trop. et t'es capable de comprendre que c'est pour son bonheur, qu'il a besoin de retrouver l'amour, de se remettre sur le marché lui aussi, après tout ce temps. t'es content pour lui, et il s'en fait pour toi, il s'en fait pour rien. ça y est, je les ai ! tu te redresses. ENFIN!, let's go. t'aimes bien te plaindre avec sarcasme. tu l'as pas aidé du tout à retrouver les clés, mais la petite tape qu'il te donne à l'arrière de la tête, tu l'auras bien cherchée. vous grimpez dans sa voiture, tu demandes de la conduire mais tu sais bien qu'avec ta jambe, vous avez besoin de faire quelques modifications mécaniques avant que tu ne puisses aller où que ce soit avec. modifications onéreuses et pour l'instant c'est pas la peine d'y penser. le siège passager est pas mal de toute façon. tu l'auras bien chauffé ces derniers mois.

à ta grande surprise, vous n'allez pas bien loin. quelques pâtés de maison seulement. tu penses même que vous auriez pu y aller à pieds, si c'était pas une question de temps. mais vous quittez à peine votre quartier, vraiment, pour aller vers des rues très (trop) familières. ton père est un peu anxieux, il desserre toujours un peu le col de sa chemise. tu dis rien parce que c'est eminem à la radio et que tu veux pas gâcher le flow, mais tu penses beaucoup. tu fronces même un peu les sourcils quand la voiture ralentit et s'pose, là, sur une place de parking en face de la maison de [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]. qu'est-ce que vous foutez là ? il a plus envie d'aller chez sa meuf avec toi et te dépose finalement chez ton pote ? tant pis pour eminem : 'pa, on va où là ? une part de toi espère aller chez les voisins d'en face, d'à côté, qu'importe, pas chez heck. une autre part de toi souhaite absolument aller chez heck, ce serait putain de cool, en vrai. guess what? ton père te traîne jusqu'à sa porte, alors que t'articules un "what the fuck" derrière lui en silence. il frappe trois coups sur la porte d'entrée, sa bouteille de vin pas cher à la main. et toi, même si tu comprends mieux l'état du daron, tu te prépares à rien saisir au reste de ta soirée.

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T'es allongé, non, plutôt avachis, sur le canapé, reposant ton genou qui n'a pas encore totalement guérit. Télécommande en main, tu zappes les chaînes essayant de trouver un programme qui pourrait être intéressant. pub, pub, programme de merde, pub. Tu laisses s'échapper un soupire te demandant à quoi sert cette télévision. Tu envoies quelques sms à tes meilleurs potes quand tu entends les talons de ta mère se rapprocher de toi. Tu détestes ce son, ça te fais grimacer. tu lèves les yeux trouvant une femme totalement métamorphosée, torchon en main. On dirait une vraie mère. tu es choqué. tu peux venir me donner un coup de main ? Tu lèves les yeux au ciel. ouai ouai.. tu ne l'as jamais vu comme ça. tu sais que c'est un jour important pour elle, car c'est la première fois depuis bien longtemps qu'elle ne t'a pas présenter aussi officiellement un homme, surtout accompagné de son gamin. Pendant le repas d'hier elle n'a pas arrêté de te dire : tu verras, tu vas bien t'entendre avec son fils, je suis sûr que c'est un gosse aussi doux et gentil que toi. toi tu avais doucement rit. tu espérais que ce n'est pas un mou du gland, que ce n'est pas un de ces merdeux que tu ne peux pas blairer au lycée. Tu ne sais pas trop quoi penser de tout ça, mais en même temps, tu veux son bonheur.

tu tentes de mettre la table pour l'aider un peu pendant qu'elle surveille son repas. ca sent bon, ça te donne faim en plus tu as la dalle. elle a préparé un plat que tu adores, que ta grand-mère te faisait tout le temps quand tu étais gosse. Pour le coup, tu as juste envie qu'ils arrivent pour que tu puisses goûter à cette merveille qui cuit dans le four. tu ne peux pas aller t'enfiler un truc plus présentable ? tu oses un sourcil. je ne vais pas me foutre en costard non plus. on va pas à la messe ! elle te lance un regard noir, tu comprends que tu as intérêt de trouver une chemise un minimum repassée avant qu'elle ne te flingue du regard. Un soupire, tu prends tes béquilles et tu files dans ta chambre. tu te changes et t'entends toquer. ta mère court partout : bouges toi bowie, ils sont là. tu n'aimes pas quand elle te parle comme ça, mais elle a l'air d'être au bout de sa vie alors tu dis rien. Tu fais au plus vite, mais tu entends ta mère les accueillir. entrez. Tu te dépêches et entres dans la pièce. Tu sens cette tension, ce mal-être chez les vieux. Toi ça te fais rire. tu ne comprends pas comment à cet âge-là, ils peuvent être aussi coincés du cul. bonsoir. Quand tu vois la tête du gosse dont on t'a parlé, tu fais les gros yeux et tu ne peux pas t'empêcher de laisser s'échapper. c'est une putain de blague? ta mère te regarde un peu choquée par ton langage. Toi, tu comprends juste rien, tu es paumé. tu regardes ton pote dylan, tu te demandes ce qu'il fout là. ta mère ferme la porte et fais les présentations. tu t'empêches de rire. tu sais pas si ça te plaît. tu es content de voir ton pote ici, mais il y a tout de même un truc qui te dérange dans cette histoire.

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une putain de blague, ouais. la farce de l'année, même. tu t'attends à tout moment que tout père s'retourne, que les caméras sortent de leurs cachettes et que tout le monde crie : "it's a prank!!!" comme dans toutes ces vidéos youtube à la con. mais tu restes planté là, un sourire débile à la bouche, les mains qui retiennent ta tête d'exploser, et rien ne se passe. ton père sait que tu le connais, tu le ramènes tout le temps à la maison, avec les autres yakuzas, pour qu'ils viennent manger. tu connais sa mère aussi, tu l'as déjà vu plusieurs fois, jamais vraiment eu l'occasion de manger à sa table ou de lui taper la discute, mais tu sais que c'est la mère de bowie, et tu sais que le gars qui se tient pas loin d'elle, c'est ton pote, c'est ton frère – enfin, toujours au sens figuré. tu n'aurais jamais pensé qu'un jour ce scénario se déroulerait. y a des règles et la règle numéro 9, papa l'a franchie. tu te tournes vers sa mère pour lui serrer la main, un geste peut-être un peu trop formel, puis tu donnes un coup d'épaule à ton père en lui lançant un de ses regards qui dit "petit cachottier!" avant d'offrir un de tes fameux bro hug – consistant à serrer un bro très fort dans ses bras et à lui taper trois fois dans le dos. t'es toujours trop enthousiaste, toi. même quand la situation te demande pas de montrer autant d'excitation, t'arrives juste pas à te retenir. parfois c'est contagieux, parfois c'est maladif. peut-être que tu devrais te calmer un peu et contempler ce que tout ça veut maintenant dire. mais t'arrives tout simplement pas, y a trop d'idées qui te fusent dans la tête, ça a jamais été aussi actif là-haut. trois pauvres neurones qui se battent en duel pour essayer de faire sens de tout ça. maintenant que t'y penses, ça a toujours été sous votre nez. et vous avez rien vu venir. les parents trouvent une excuse pour s'échapper de ce moment gênant où personne parle dans le couloir de l'entrée, ils s'en vont mettre le vin au frais. vous vous retrouvez à vous regarder dans le blanc des yeux. les tiens sont plein d'étoiles, cette situation les illumine. non mais mec, qu'est-ce qui s'passe ?? tu fais, en secouant la tête de gauche à droite comme si ça allait remettre de l'ordre dans les idées, sourire béat toujours d'une oreille à l'autre. nos vieux sont ensemble ??? sur le ton d'une question, mais c'est plus une affirmation, puisqu'ils rigolent maintenant dans l'autre pièce où ils ont fui, comme deux gamins amoureux pour la première fois qui roucoulent et étouffent des rires en s'effleurant l'épaule. tu ne sais pas si bowie prend la nouvelle aussi bien que toi. t'es content de voir ton père heureux avec n'importe qui, encore plus si n'importe qui, c'est la famille de ton gars sûr.

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