Let the drummer kick (Dylan)

Première soirée en tant que cheerleader. Une de tes premières soirées tout cours, d’ailleurs. Tu n’es pas franchement emballée mais les filles sembler trouver impensable l’idée que tu ne mettes ne serait-ce qu’un pied à la soirée. Alors tu as accepté à contre cœur. Vers 20 h, après avoir écouter de la musique, sur ton tourne disque pendant plus d’une heure, tu te décides à bouger, et tu restes bloquer devant ton armoire. Est-ce que Prim s’attends à ce que tu mettes l’uniforme, comme au lycée, ou bien tu peux choisir tes fringues ? T’as l’impression de te transformer en monstre de superficialité, et tu n’aimes pas du tout, alors t’attrapes une robe, au hasard dans l’armoire avant de filer dans la salle de bain. Y’a une petite boule de chaleur, qui se forme dans ton estomac. Le stress. L’appréhension. Tu ne devrais pas t’inquiéter, ce genre de fête, ce n’est pas ton truc, et tu t’en fou, de ce qu’il peut arriver, non ? T’as bau te rassurer comme tu le peux, il n’empêche que tu passes bien une heure dans la salle de bain, tu te maquilles, tu coiffes tes cheveux, tu enfiles ta robe fleurie et comme ça, tu ressembles vraiment à Violet. C’est ce que ta mère te dit, d’ailleurs, adossée dans l’encadrement de la porte. Elle sourit, et ça fait longtemps que tu ne l’as pas vu si apaisée. Sa main accroche l’une de tes mèches de cheveux, qu’elle ramène derrière ton oreille. « Amuse toi bien, profite de cette soirée, de ta jeunesse… » tu lui embrasses la joue. « Oui, mama. » Ton père ne rentre pas ce soir et tu t’en veux de la laisser seule. Mais elle te pousse pratiquement dehors, après t’avoir prise en photo, comme si tu allais au bal du printemps. Tu as juste le temps d’attraper les clés de la voiture. Tu ne bois pas d’alcool – tu as dû le faire une fois, à 14 ans, avec Ulysse et Léo, mais c’est tout- alors tu te permets d’y aller en voiture. On t’a donné l’adresse, mais une fois devant, t’as l’impression de t’être trompé. Parce qu’il n’y a aucune maison, aux alentours, juste un parc. Au loin, tu entends de la musique, et il y a des lumières, ça doit être là. Tu te gares et regardes l’heure, avant de couper la voiture. Il n’est pas loin de 22 heures, déjà, tu espères ne pas être en retard. Tu sors de la voiture et frisonne, si tu savais que c’était à l’extérieur, tu aurais pris un gilet. Après quelques minutes de marche, à travers le parc, tu arrives dans le skate park, ou des dizaines d’adolescent, en divers groupes, discutent, des bières à la main. Tu cherches les filles des yeux, mais dans cette marée humaine, et dans l’obscurité, impossible de discerner qui que ce soit. Toutes les filles se ressembles, et, alors que tu penses avoir repérée Silène, une main se pose sur ton épaule, tu sursautes et fait volte-face.

C’est un peu la fête de fin d’année, la contre-soirée du bal de promo, quelques jours avant, là où seuls les élèves populaires sont admis. T’es bien contente d’être en vacances dans quelques jours, Kali, et heureusement que tu n’avais pas d’examen cette année, sinon, tu aurais été bonne pour les rattrapages, ce qui signifie un été complétement loupé. Faut dire que les études, ce n’est pas ton truc, et les examens en eux même, avec le stress et le temps limités, c’est pas ton truc. Quoi qu’il en soit, c’est une première pour toi, parce qu’on ne peut pas dire qu’il y a six mois, tu étais populaire, alors ce soir, c’est ton batême du feu. Tu es un peu anxieuse, mine de rien. Tu ne sais pas trop comment de comporter, dans ce genre de fête, plus encore situ es la seule potiche qui ne bois pas, et qui conduit. Soit tu vas finir seule dans ta voiture, soit tu vas faire Sam toute la soirée, pour finalement nettoyer le vomis, dans ta voiture. Super. Tu n’aurais peut-être pas dû venir, finalement. Tu aurais été tout aussi bien chez toi, t’aurais envoyé un sms à Léo et elle serait venu dormir, comme avant. Vous auriez regardé Mean Girl ou un Iron Man, puis vous seriez montées sur le toit pour regarder les étoiles. Vers deux heures, Ulysse aurait appelé, complètement ivre, pour vous dire que le groupe lui manque, mais le lendemain, il aurait tout oublié. C’est ça, ton genre de soirée, c’est comme ça, que tu es bien. Mais là, au milieu de la foule, tu n’es pas à l’aise. Tu es à peine arrivée et il y a déjà un gars à moitié à poil en haut d’une rampe. En plissant les yeux, tu te rends compte que c’est Ulysse, alias ton ancien meilleur ami qui a arrêté de te parler parce que l’équipe de foot, c’est tellement mieux qu’une meilleure amie bizarre. Tu secoues la tête, soupirant. Et après c’est toi la fille étrange. Franchement, celui qui se comporte le plus comme un extraterrestre, ici, c’est lui. Lui et tout ses amis populaires, d’une banalité affligeante, la plupart du temps bête et méchant. Tu détestes ce genre de personne, et pourtant, tu fais de ton mieux pour devenir exactement comme eux. T’essaie de t’approcher des seules pompom girls que tu repères quand une grande paluche se pose sur ton épaule. T’es minuscule, Kali, on te dit souvent de manger plus, mais tu n’y peux rien si t’es du genre maigrichon. Et cette grande main de footballer, elle t’emprisonne, te fait sursauter, même. Tu te retournes pour te retrouver nez à nez -enfin, presque, tu dois quand même redresser la tête- avec un blond à la mâchoire carré, à l’air complétement ailleurs et au sourire époustouflant. Dylan. Génial, en voilà un que tu ne voulais pas revoir, tient. Tu hausses un sourcil quand il te parle. « Euh, ouais, par contre, moi, je doute que tu te souviennes de mon prénom. Enfin, si tu l’as un jour appris. » t’es froide, ce n’est pas franchement ton meilleur pote, Dylan, bien au contraire. Il t’a assez pourri la vie comme ça l’année dernière. Toi, ça t’atteignait peu, ça te faisait chier, c’est vrai, mais c’est tout. Par contre, tu sais que ces petites blagues vaseuses, elles ont fait du mal à certains de tes amis, et ça, tu ne le lui pardonneras jamais. Alors tu fais un pas en arrière, pour dégager sa main, puis tu croises les bras, te fermant littéralement.

T’es là, face à lui, et tu chercherais bien toutes les excuses du monde pour ne pas lui adresser la parole pour partir, loin. Tu ne sais même pas ce qu’il fait ici. T’as entendu parler d’un accident -ce genre de chose se sait toujours, au lycée, comme la mort de Violet, par exemple- et puis, c’est comme s’il avait disparu de la surface de Wave. Mais pas de Santa Barbara, visiblement, puisqu’il est ici, devant toi, bien bourré, les yeux dans le vide. Il se concentre tellement pour se souvenir de ton prénom qu’il y a presque de la fumée qui sort de ses oreilles, et ça te fait sourire. Il finit par se souvenir de ton prénom, bravo. « Ouais, c’est ça. » tu réponds en tapant exagérément dans tes mains avant de secouer la tête. Tu sens son haleine chargée d’alcool quand, en désignant Ulysse, il te demande si c’est ton mec. Et là, tu ne peux pas t’en empêcher, tu pouffes de rire en secouant la tête. « Grant ? Même pas en rêve, je le connais depuis que j’ai six ans. » tu regardes vers lui, de nouveau en soupirant. Tout pour se faire remarquer. Ce n’est pas croyable, et dire qu’il y a dix ans, c’était encore un petit garçon timide et réservé qui se cachait derrière toi. Comme quoi, tout le monde change, peut être que c’est également le cas de Dylan. « Je suis venue avec l’équipe. Il parait que c’est obligatoire, de se montrer par ici, pour l’image ou un truc comme ça. Si je ne venais pas, Prim allait m’étrangler… » tu lui avoues en soupirant. Tu n’as rien à faire ici, c’est vrai. Tu n’es pas à l’aise au milieu de la musique, des vapeurs de cigarettes et des ados en chaleurs. « J’ai l’impression d’être Cady Heron qui débarque pour la première fois dans son lycée. » tu lui dis, sans imaginer un seul instant qu’il comprendra la référence. Ce serait même surprenant, venant d’un gars comme lui. « Et toi, tu fais quoi ici, t’as encore tes entrées avec les predators, j’imagine. » tu fais la conversation pour passer le temps. De toute manière, il est dans un autre monde et demain, il aura oublié qu’il t’a parlé.

Durant tous ces jours où il s’acharnait sur toi, le sarcasme était ton unique arme, avec l’indifférence. Mais ça ne marchait pas souvent, l’indifférence. Au contraire, ça excitait encore plus ce genre de sportif sans cervelle. Alors tu étais cinglante, dans tes réponses, tu essayais d’être aussi méchante que lui, même si ça ne servait à rien, parce qu’il s’en foutait complètement. Tu secoues la tête quand il parle d’Ulysse, l’imaginer, avec toi, c’est tout simplement dégoutant. Tu l’as toujours vu comme ton petit frère, et non comme le potentiel homme de ta vie. Tu ne peux pas le voir différemment aujourd’hui, même s’il a changé, même s’il ne veut plus ni te parler ni te voir. Tu avoues finalement que si tu es là, c’est uniquement parce que c’est un peu une sortie scolaire obligatoire pour les cheerleaders. Il semble surpris, tu le serais aussi, à sa place. Toi, en petite jupe, à sourire pour encouragée une équipe de débile profond. Ouais, ça semble assez peu probable, et pourtant, tu es bien devenue, en l’espace de quelques mois, une Violet 2.0., une Violet que tu admirais et jalousais. Pourtant, aujourd’hui, tu n’as absolument plus envie d’être comme elle. Mais c’est trop tard, n’est-ce pas ? Il t’arrache un petit sourire, timide, quand il parle de Primerose. Tu es même agréablement surprise de sa culture cinématographique. « Heureusement pour moi, mais en y pensant, ce serait plus toi, Regina, non ? » tu lui dis, grand sourire à l’appui, cette fois. Une petite pique de plus ne lui ferait pas de mal, surtout après ce qu’il t’a fait endurer. Tu te mords la joue en secouant la tête avant d’hausser les épaules. « Ouais, c’est le p’tit nom que je leurs donne, ils ont des airs de prédateur, un peu, non ? Et le reste du lycée n’est que gazelles et antilopes, toujours sur le qui-vive, toujours craintives. Les lions de la savane, en gros. » tu lèves les yeux vers lui, de nouveau, en te disant que merde, il était vraiment super grand, pour son âge, ce type. Ou alors tu étais juste particulièrement petite. « Un vip, carrément ? » tu dis, secouant la tête en passant une main dans tes cheveux. « Oh, hum, je ne bois pas, moi. Je suis venue en voiture, et je ne supporte pas l’alcool. » tu dis en grimaçant. « Et puis toi, tu devrais arrêter pour le moment, tu n’as pas l’air bien, mec. »