kaléidoscope

— don't tell anyone, or you'll be just another regret.
(01.) il a jamais voulu tout ça, eli. il voulait juste une famille, des parents présents pour lui. quelqu'un pour lui mettre des barrières. tout le contraire de ce que lui offre la famille valentinelli. c'est comme s'il était orphelin le gamin, une villa pour lui tout seul. un père qui travaille quatre vingt-dix heures par semaines, une mère loin de santa barbara. et il est tout seul depuis des années eli. il a personne dans sa famille, pas d'oncles, pas de tantes qui pourrait l'aider, la famille fait bien les choses. parce qu'ils sont tous comme ça dans la famille, y a qu'ana pour lui. une cousine, une soeur. l'amour fraternel, douce pétale. la seule pour qui il ferait tout, poings qui frappent les mâchoires pour la poupée. (02). il se pose pas eli. parce qu'il a pas le temps. membre de l'équipe de football américain de l'école, quarterback star, membre de l'équipe de natation. le surf tous les week-ends, l'océan, une deuxième maison. la mer, une mère. puis y a les potes. les penetrators, le riot club. l'élite du waves private. les fêtes, l'alcool. débauche envoûtante. et il échoue à l'école, eli. parce qu'il veut intégrer l'ucla en sortant du lycée, il doit travailler. parce que c'est un prodige du sport eli, il a sa place là-bas. mais c'pas un prodige des sciences, pas de la littérature non plus. alors il doit prendre des cours, le tutorat. parce que ses parents ils sont juste là pour lui mettre la pression, s'assurer que le gamin a des bonnes notes. il fait semblant eli, traficote ses relevés de notes. parce que les parents savent pas ce qui trame, parce que les parents savent les fêtes que leur maison abrite. villa emplie de vie quand ils sont loin. (03). il est passionné eli, curieux de tout apprendre. pour les gens, y a que le sport dans sa vie. c'vrai, quand on le regarde on voit que ça. membre de l'équipe de football américain de l'école, membre de l'équipe de natation de l'école, membre des penetrators. on voit que les clichés, ils s'accumulent sur son dos, comme si il était écrit sur son dos des (gros con). et ça l'fait rire, eli. parce qu'il a ses potes il besoin de rien d'autre. c'est un des champions de l'école, il a oma, il a ana. il a la bande, il s'en balance des autres. et il quitte jamais son appareil, eli. cet appareil qu'il a changé il y a à peine deux semaines, nouveau bijou. il est loin du loser qui s'occupe du yearbook, il fait de l'art eli. dans le noir de l'intimité, il sort sa guitare. il y a ce carnet bourré de chansons planqué sous son matelas. personne le sait, secret bien caché. y a qu'ana qui sait. parce qu'elle sait tout. et tous les jours il se lève à l'aube eli, parce qu'il a pas besoin de beaucoup de sommeil. ses pieds se mêlent au sable avant que le soleil ne soit haut dans le ciel, l'appareil braqué sur l'horizon, le corps qui se mêle aux vagues, la planche qui glisse sur l'eau. et une heure après il est reparti, parce que faut faire genre on apprend. parce que faut les fouler ces couloirs du lycée. faut faire semblant. (04). parce qu'il a tout perdu eli. il était pas tout seul, à la base. il l'est que depuis un an. parce qu'il avait une petite soeur, alison. ali et eli. ils avaient six ans de différence, mais quelle importance ? elle était sa princesse, il était son prince charmant. parce qu'à neuf ans elle est tombée malade ali. une leucémie. mais il y croyait. il croyait que tout irait bien, que bientôt elle serait en train de le battre dans la piscine ou sur le terrain. petite fleur qui s'est éteinte deux ans plus tard. et il a vrillé eli. pendant deux semaines il a pas décroché un mot, pas bougé de sa chambre. parce qu'il a perdu une partie de lui-même lorsqu'elle est partie. il s'est senti seul, pendant un moment. vide. le crâne bourré de rêves. les joues constellées de larmes. la plaie s'est cicatrisée, points de suture achevés et le garçon s'est relevé. et chaque soir, quand il regarde le ciel étoilé, il sait qu'elle est là, perchée parmi les comètes. (05). elle était là pour lui, quand ali est partie danser dans les étoiles. parce que cela faisait déjà un an que ça durait entre eux, parce qu'il était fou amoureux. elle était tout pour lui, il était tout pour elle. et pendant un temps, il avait tout eli. sauf qu'un soir ça a dérapé. une bête connerie qu'elle a cru. (il l'a trompée). et tout le monde y a cru, tout le monde, elle y compris. sauf que c'était rien d'autre qu'une connerie. parce qu'il l'a jamais fait. il aurait tout fait pour elle, parce que cela faisait deux ans et demi qu'ils étaient ensemble. sauf qu'elle a mis fin à cette relation, douleur, vide dans le sternum. quelques mots, un message. (c'est fini). et le lendemain, sur le porche de la maison, un carton qui contenait toutes ses affaires, une note. (dépose les miennes sur le perron chez ma mère). il avait suffit d'un murmure pour que tout s'écroule, un mensonge.