moment out of time. (antigone)

moment out of time.
le silence pesant résonne contre les quatre murs de la maison, sonne dans chaque pièce manquant de vie. seuls les bruits s'échappant des enceintes de la télévision sont la preuve d'une présence. car ce soir, il n'y a que deva et la solitude qui l'accompagne. il n'y a personne dans les couloirs de la baraque. des parents envolés pour fuir les responsabilités d'histoires qui glissent entre leurs doigts impuissants. reste de la fratrie qui est éparpillée partout en ville pour échapper à leur tour au chaos du foyer. deva est seule. là, allongée sur le canapé du salon, à zapper les émissions de télé toutes plus inintéressantes les unes que les autres, elle se questionne. les dizaines de questions qui se bousculent dans sa boîte crânienne, qui l'empêchent d'être concentrée sur les images qui défilent sur l'écran de la télévision et sous ses yeux absents. c'est un sentiment plus fort qu'une simple lassitude qui l'empoigne. c'est beaucoup plus que de l'ennui passager, plus qu'une simple soirée lui semblant trop longue. elle est seule, ce soir, et elle ne veut pas l'être. comme une enfant qu'à peur du noir. ce soir, elle, elle a peur de la solitude. elle sait pas d'où ça sort. elle sait pas d'où ça provient. elle qui n'a jamais eu peu d'être seule avant, ça ne lui a jamais posé le moindre problème dans le passé. mais peut-être que c'est plus que ça, une signification plus puissante. car la réalité est que jamais la maison n'a été aussi silencieuse de toute sa vie depuis qu'elle est venue au monde. car la réalité est que c'est la toute première fois qu'elle se retrouve seule dans la froideur d'un foyer autrefois tellement chaud de vie. réalité amère qui la frappe dans une réalisation douloureuse. elle se prend conscience de la réalité de la situation familiale qui part en vrille. atmosphère pesante qui lui pèse sur le coeur. elle ne la supporte pas. et elle a beau être là à monter le son de la télévision pour donner vie à cette pièce sans autre présence, elle a toujours cette solitude qui l'étouffe. jusqu'à ce qu'une nouvelle idée immerge dans sa cervelle. l'éclair de génie qui la traverse. le téléphone portable dans sa poche qu'est vite récupéré, les doigts qui tapotent l'écran rapidement avant de chercher le destinataire désiré dans ses contacts. elle l'a trouvé sa compagnie pour la soirée. et avec rapidité, elle tape son message et l'envoie sans perdre une seconde de plus. c'est un message sans sens, qui ne possède même pas de verbe, juste des mots qui s’éparpillent pour prendre la forme d'une question. mais elle sait, deva, qu'elle comprendra son invitation. elle n'a pas le moindre doute. parce que c'est antigone tout simplement.