(kenneth) attention la vague

t'as passé la matinée à te prendre la tête avec ta demie-sœur qui t'accuse de lui avoir piqué une robe dans son dressing. comme si t'en avais besoin, le tien est plein à craquer. le ton est vite monté, et vous vous êtes faites recadrer par ton beau-père. il ne prend pas partir pour l'une ou l'autre, il ne fait pas de différence entre sa fille biologique et toi. mais c'est durant des journée comme ça que t'aurais préféré rester fille unique. heureusement tu vas passer une journée qui sort un peu de l'ordinaire aujourd'hui. une journée rien qu'avec ton père. lui et toi, personne d'autre. il a décidé de t'emmener surfer. ça vous est déjà arrivé il y a quelques années, mais t'étais pas très douée. t'espère être un peu meilleure aujourd'hui. mais le plus important, c'est de passer du temps seule avec ton père, comme avant. tu lui as reproché de ne pas passer suffisamment de temps seul avec toi, la dernière fois que vous vous êtes réellement parlés. alors vous essayez de faire des efforts. peut-être que votre relation père-fille peut s'améliorer finalement. de toute façon, elle pourrait difficilement devenir pire. tu te prépares, t'enfiles un maillot de bain - 1 pièce parce que tu seras avec ton père et qu'il vaut mieux éviter les bikinis - un tshirt (gucci of course) et un short en jeans. tu ne prends pas la peine de brosser tes cheveux ou de te maquiller, ça ne sert pas à grand chose à cause du vent et de l'eau salée. t'entends ta mère t'appeler du rez-de-chaussée pour t'avertir que ton père est devant la maison. elle n'était pas franchement ravie que tu passes du temps avec lui pendant ses jours de garde à elle. d'un autre côté tu ne vois ton père qu'un weekend sur deux, c'est peu. surtout pour organiser des sorties. tu sors de la villa et te diriges vers le 4x4 bleu paternel, dans lequel tu grimpes. ton père dépose un baiser sur ton front et tu lui souris légèrement. « je crois que j'ai tout. de toute façon je savais que t'allais tout prévoir. tu le fais tout le temps. » tu lèves les yeux au ciel, faussement exaspérée.mais tu souris. parce qu'au fond, t'es vraiment heureuse de passer du temps avec ton père. « j'ai trop hâte de réessayer le surf. la dernière fois que tu m'as emmené en faire j'avais quoi ? onze ans ? j'étais vraiment nulle. » et comme t'es du genre à ne pas supporter l'échec, t'avais fini par bouder, le cul dans le sable.

le surf, tu ne sais pas trop si c'est une bonne idée ou pas au final. d'un côté tu te dis que c'est vachement cool, et que si tu y arrivais, tu pourrais frimer tout l'été. d'un autre côté, t'as déjà essayé, et t'étais pas vraiment douée. pas du tout même. mais bon, au moins tu passes du temps avec ton père. espérons juste que vous ne vous prenez pas la tête d'ici la fin de la journée. parce que t'es pas forcément super patiente, et lui non plus. « mieux que la dernière fois, j'espère. je voudrais au moins réussir à tenir debout plus d'une demie seconde. » tu hausses les épaules et regardes par la vitre de la voiture. le trajet n'est pas bien long, ta mère habite juste au bord de l'océan. ton père gare le 4x4 sur le petit parking d'une plage qui n'a pas l'air très occupée. tant mieux, c'est toujours bien d'éviter les vacanciers de juillet et août qui se croient chez eux. tu laisses ton sac dans la voiture, tu n'en as pas besoin pour le moment, il ne contient que des vêtements de rechange, au cas où. par contre ton père prend sa planche de surf - évidemment - et l'énorme sac à dos contenant la nourriture. et tu le suis jusqu'à la plage, ou plutôt vers la petite boutique louant des planches. y'a un homme, qui doit avoir l'âge de ton père, qui vous accueille, style baba cool avec un collier dent de requin. et y'a aussi un jeune vendeur, qui doit être un peu plus vieux que toi. mignon. « on n'a pas de planche aussi jolie que la demoiselle, mais on va essayer de trouver quelque chose » tu rougis, un peu, et tu souris, surtout. « quelque chose qui puisse me rendre douée, ça serait pas mal du tout. » le mec, il te regarde avec ses grands yeux bleus océan. gosh. ça y est, t'es amoureuse. tu le suis, et il faut avouer que t'es plus occupée à regarder ses muscles que les planches qu'il te propose.