it is a man’s world (graceena)

c’est tellement conceptuel que tu n’es pas sûre de tout comprendre. d’ailleurs, quelle est cette nouvelle folie qui s’empare de toutes les personnes qui ouvrent des boutiques à vouloir à tout prix faire des concept stores même s’il n’y a pas de concept ? enfin bref, tu hésites entre des bols avec des motifs tribaux fluo, des dessous de plat métallique et des coussins à rayures pastel. Ton cœur ne chavire pas vraiment, mais tu as un beau cadeau à faire. ta cousine a un nouvel appartement. ça y est, alma va déménager. ou plutôt alma va emménager. elle va vivre avec son mec. elle s’est enfin décidée à quitter la maison des parents et son confort. et ce n’est pas sans heurt que cette décision a été prise. quoiqu'il en soit, ce n'est pas dans cette boutique que tu trouveras ton bonheur. tu as à peine le temps de te diriger vers un magasin que paige t'a conseillé que deux colosses d'une vingtaine d'années te bloquent le passage. excusez moi. dans l'idéal ils auraient dégagé la route pour te laisser passer, mais l'idéal est tout aussi conceptuel que les articles de la boutique que tu viens de quitter. ils te reluquent avant de t'adresser une proposition pour le moins salace. tes poings se serrent. la ruelle dans laquelle tu te trouve est vide. t'aimerais bien les insulter, mais londres regorge de psychopathes et tu ne fais clairement pas le poids contre eux, mieux vaut éviter de les énerver. tu soupires alors que l'un d'eux jette son dévolu sur une jolie brune qui passe par là. il se permet carrément de la toucher. tu pourrais profiter de l'occasion pour te barrer, mais la féministe qui est en toi t'en empêche. elle explose. tu la comprends. tu te diriges vers elle et te permet de lui agripper le bras. oh t'es là, bébé, allez viens on y va. tu les détournes en passant par la chaussée; l'alibi des lesbiennes est infaillible en temps normal. évidemment ils vous suivent, tu les entends même parler de ménage à trois. heureusement, ton chauffeur n'est pas garé très loin. tu presses le pas en les ignorant de plus belle avant de t'arrêter devant la range noire qui t'attends. montes. tu ne vas quand même pas la laissé toute seule avec ces deux pervers.

tu ressors du concept store - où tu n'as nullement trouvé ton bonheur, les cheveux aux vents, déterminée à trouver un cadeau à ta cousine. la scène pourrait être follement cinématographique et il faut reconnaître que les charmante ruelles du centre ville de londres ont un fort potentiel instagrammable. la réalité est nettement moins chatoyante. tu as surtout vu le pire de tes congénères de sexe masculin. tu t'es faite bouffer du regard. tu t'es mangé des remarques salaces. et t'as vu cette fille se faire toucher sous tes yeux. heureusement, ton chauffeur n'avait pas garé la voiture très loin. en parfaite petite féministe, tu n'hésites pas une seule seconde à proposer à la seconde victime de te rejoindre dans ta voiture. celle-ci ne semble pourtant pas comprendre les tenants et les aboutissants de la situation. tu hausses les sourcils en l'observant mâcher vulgairement son chewing-gum mmh... tu peux retourner les voir, y a pas de soucis. tu hausses les épaule. tu ne supportes pas l'ingratitude. sinon, tu peux juste nous dire où t'allais, histoire que tu ne te fasses pas violer. tu te concentres ensuite sur ton portable. faut bien que tu répondes à tes messages. tu relèves les yeux suite à son interpellation. regard aguicheur. pincement de lèvres. tu écarquilles des yeux. tu joues à quoi? elle est belle - désirable même, mais... t'es pas de ce bord là. du moins, à ce que tu saches. même si tu préférerais clairement finir ta soirée en sa compagnie, plutôt que celle des deux hommes qui t'ont accosté toute à l'heure. je m'appelle grace et ta technique de drague n'est pas très subtile. tu la conseilles. c'est pas comme ça qu'on parle aux femmes.